Si la mission des assistants médicaux est floue, c’est parce que nous confions à la négociation conventionnelle le soin de la définir.
Nous ne créons pas une nouvelle profession, nous créons une fonction qui, je dois le dire, parle à beaucoup de médecins. Nous savons qu’une partie de leur temps est consacrée à des tâches administratives : vérifier que le dossier est à jour, que les coordonnées du malade le sont aussi, que son poids et sa tension ont bien été pris, que certains paramètres paracliniques ont été contrôlés et que le dossier de vaccination et de dépistage est à jour.
Quand j’étais encore médecin hospitalier, j’ai le souvenir que, à partir du jour où l’on m’a retiré mon infirmière, qui était avec moi dans le box de consultation, la durée de mes consultations a augmenté de 20 % et que j’ai vu 20 % de patients en moins. L’hôpital a peut-être considéré que cette décision était rentable… De mon côté, j’ai plutôt constaté que cela affectait ma capacité à recevoir des malades.
Les syndicats de médecins réclamaient cette mission auprès d’eux, de façon à pouvoir recentrer le temps médical sur ce qui a une forte valeur ajoutée. Aujourd’hui, nous avons un déficit de temps médical sur tout le territoire. Le nombre de postes créés correspond en gros à 4 000 postes dédiés à des exercices coordonnés. En effet, si nous considérons que ces missions vont décharger les médecins en améliorant leur temps médical de 15 % à 20 %, encore faut-il qu’elles concernent trois, quatre, voire cinq professionnels pour que cela soit rentable. Sinon, on paiera un salaire pour assez peu de temps dévolu à la mission.
Quels sont les professionnels qui pourront s’inscrire ? L’idée n’est évidemment pas de faire concurrence à des professions de santé existantes. Les infirmières ont des rôles évidemment bien supérieurs, bien plus larges que ce que pourrait être la mission des assistants médicaux. On verra bien ce que la négociation conventionnelle donnera, mais nous imaginons que cela pourrait être un type de poste proposé à des aides-soignantes en deuxième partie de carrière. Nous savons que nous manquons de solutions pour gérer correctement la fin de carrière de ces personnels, dont la profession se caractérise par une forte pénibilité. Voilà un exemple de ce que cela pourrait être.
Vous me demandez si ces assistants médicaux s’installeront dans les zones sous-dotées. Aujourd’hui, il existe des zones sous-dotées identifiées par zonage, qui figurent évidemment dans la cartographie des régions et permettent d’être incitatives. Toutefois, nous pensons que ces professionnels auront vocation à se rendre partout sur le territoire pour des exercices regroupés.
Pourquoi le financement n’est-il pas pérenne ? Si nous proposons ces postes, c’est pour que les médecins gagnent du temps et puissent voir davantage de malades. Voilà l’engagement que doivent prendre les médecins avec cette mesure. Nous leur mettons le pied à l’étrier. Nous verrons ce que la convention médicale proposera en termes d’accompagnement, mais il est probable qu’une partie du poste, et peut-être même la totalité, pourra être absorbée par la hausse d’activité des cabinets médicaux. Nous avons calculé que cela permettrait de gagner 15 % à 20 % de temps médical. Si trois ou quatre médecins gagnent 15 % de patientèle supplémentaire dans leur cabinet, cela pourra permettre de financer un salaire.
Je le répète, si nous n’avons pas été au-delà dans la définition de la fonction, s’il y a un flou, c’est parce que nous avons considéré que c’était aux professionnels eux-mêmes et à l’assurance maladie de s’en charger. Leur réflexion ne devrait pas durer trop longtemps, puisque les négociations conventionnelles vont démarrer et que nous avons demandé qu’elles aboutissent avant la fin du premier trimestre de 2019.
Il me semble qu’il s’agit d’une bonne mesure, qui a été accueillie de façon quasi unanime par les médecins. J’ai en revanche ressenti quelques petites tensions chez les personnels infirmiers, parce qu’ils ont considéré que cette nouvelle mission risquait de recouper les leurs. À l’évidence, les assistants médicaux ne feront aucun soin. Ils ne devraient pas faire de pansements, de piqûres ou de vaccins. Tel n’est pas l’objet de cette mesure. La disposition vise plutôt à décharger les médecins d’un certain nombre de missions, à la frontière entre le secrétariat amélioré et la prise de quelques constantes.
Je laisse le soin aux négociations conventionnelles de définir les besoins des médecins, mais je ne vois pas pourquoi nous supprimerions une disposition qui vise à redonner du temps médical aux territoires, alors que c’est le principal objectif du plan « Ma santé 2022 ». Le Gouvernement est donc défavorable à ces amendements de suppression.