Intervention de Vincent Delahaye

Réunion du 22 novembre 2018 à 11h00
Loi de finances pour 2019 — Discussion générale

Photo de Vincent DelahayeVincent Delahaye :

… plus 50 milliards d’euros d’impôts et de taxes. L’INSEE a récemment montré dans une étude que le pouvoir d’achat moyen des Français avait baissé de 440 euros par an entre 2008 et 2016, notamment du fait du choc fiscal du quinquennat Hollande. Cette année, vous nous proposez une augmentation de la taxe carbone ; ce n’est pas votre gouvernement qui l’a créée, mais il l’a amplifiée.

À mes yeux, une telle augmentation est à la fois une supercherie et une punition. Le rapporteur général a parlé d’escroquerie, je préfère pour ma part le terme de supercherie. En effet, cette taxe n’est pas une véritable taxe écologique : c’est une taxe de rendement budgétaire. Elle est supposée rapporter 38 milliards d’euros, mais seuls 7 milliards d’euros seront consacrés à la transition énergétique. Qui plus est, c’est une dépense en baisse permanente, puisque vous avez aussi proposé une baisse de ce versement dans le projet de loi de finances rectificative que nous avons récemment examiné.

C’est une punition, parce que son côté incitatif est finalement très faible, voire nul, nombre de nos concitoyens n’ayant pas de solution de rechange. Personne n’est dupe de cette tromperie, qui a légitimement causé la colère de millions de Français, « gilets jaunes » ou pas.

Alors, si l’on ne doit retenir qu’une seule chose dans nos discussions budgétaires, c’est que les dépenses d’aujourd’hui sont les impôts de demain. Résultat, on a dépassé les 1 000 milliards d’euros d’impôts et de taxes collectés dans notre pays.

La France bat cette année deux records : le niveau des dépenses publiques – elle est le premier pays de l’OCDE – et celui des impôts et taxes – elle est le premier pays de l’Union européenne. Elle est le pays d’Europe pour lequel le jour de libération fiscale est le plus tardif. Tout le monde sait de quoi il s’agit : c’est le jour où l’on a fini de payer tous ses impôts et taxes dans l’année. En France, cela arrive le 27 juillet. En d’autres termes, jusqu’au 27 juillet, on travaille pour l’État et toutes les caisses de sécurité sociale et de retraite ; à partir du 27 juillet, on travaille pour soi-même.

Messieurs les ministres, au vu de ce projet de budget, je crains que la France ne cesse de sitôt d’être le pays le plus dépensier, donc le plus taxé.

Pour moi, un bon gestionnaire de l’argent public devrait être sincère, prudent et économe. Messieurs les ministres, votre gouvernement est-il sincère ? Oui, sans aucun doute, et c’est un gros progrès. Est-il prudent ? Un peu, mais il peut à mon avis mieux faire en la matière. Économe ? Assurément pas. Il est urgent de progresser dans cette direction, car, sans révolution de notre politique budgétaire, la révolte fiscale n’en finira pas, elle, de gronder.

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