À mon sens, l'AP-HP a souffert depuis trente ans que la durée de vie moyenne de ses directeurs ait été de trois ans et huit mois. C'est trop peu pour mener des projets. Mais si l'on considère que je ne suis pas l'homme de la situation, je serais le dernier à m'accrocher à mon poste ! Pour l'instant, je pense avoir réussi à susciter une assez forte adhésion au changement.
Nous n'avons pas sacrifié l'investissement, malgré les nombreuses demandes pour que nous renoncions à telle ou telle opération. J'ai acheté des robots chirurgicaux pour que les chirurgiens aient envie de venir travailler et qu'on ne soit pas moins bons que le secteur privé. Nous accélérons la rénovation des hôpitaux, avec 500 millions d'euros d'investissements par an. Ce choix d'avenir est compris, je crois, dans la maison, mais si certaines situations sont plus tendues que d'autres. J'ai proposé une méthode qui consiste à comparer l'activité et les effectifs des services pour faire un rééquilibrage entre les hôpitaux.
Gérer la pénurie ? En comparaison avec d'autres départements, nos ratios sont parfois plus favorables. Nous sommes peut-être plus riches que le reste de la France, mais, en réalité, les conditions de travail à l'hôpital sont dures. Les situations sont tendues et le statut rend les choses plus difficiles, notamment pour les masseurs-kinésithérapeutes ou les orthophonistes. Sur les quatre dernières années, en Île-de-France, la part des malades traités par l'AP-HP, par rapport au secteur privé, a augmenté. Je crois au service public, pour lequel je travaille depuis l'âge de dix-neuf ans.
La réorganisation du temps de travail a demandé de gros efforts à notre personnel. Jusqu'à présent, certaines équipes ne travaillaient que le matin, d'autres uniquement l'après-midi. Les mères de famille préférant le matin, il ne restait pour les nouveaux venus que l'après-midi. Comme je ne peux pas faire tourner les hôpitaux que le matin, je leur ai demandé d'alterner. Celles qui étaient habituées à ne travailler que le matin ont connu un vrai dérangement dans leur vie professionnelle et familiale, mais la situation est un peu plus équitable qu'avant. Le taux de satisfaction est plus faible pour celles et ceux qui ont dû changer et plus fort pour les autres... Alors que la réforme est entrée en vigueur en octobre 2016, l'absentéisme se réduit de manière continue depuis quatorze mois, et est désormais inférieur à la moyenne nationale, contrairement à ce que l'on entend souvent à propos de l'AP-HP.
Concernant la qualité des soins, j'observe qu'en quatre ans le nombre de cas de maladies nosocomiales a baissé de 20 %. Nous sommes parmi les meilleurs. Aidez-nous en nous donnant les petites souplesses nécessaires.