Monsieur le président, monsieur le ministre, mes chers collègues, les crédits destinés à notre diplomatie culturelle et d’influence ont été les grands sacrifiés du quinquennat de François Hollande : de plus de 750 millions d’euros en 2012, ils sont tombés à moins de 685 millions d’euros cinq ans plus tard, soit une baisse inédite de près de 10 % !
En cette deuxième année du quinquennat d’Emmanuel Macron, nous voyons déjà ce que sera la marque de fabrique du nouveau Président de la République : de grandes envolées, de beaux discours, des intentions louables, trente-trois mesures dans le plan Langue française et plurilinguisme… Qui d’entre nous ne serait pas derrière le Président de la République pour « donner un nouvel élan à notre diplomatie culturelle », comme il s’y est engagé ? Personne ! Mais, derrière les beaux discours, derrière les grandes envolées lyriques, quand on regarde dans le détail le budget, qui est le reflet de la véritable politique menée par le Gouvernement, que voit-on ? Des crédits durablement maintenus au niveau bas atteint en 2017, comme une confirmation, une acceptation, de la politique menée durant le précédent quinquennat ! Et les années à venir risquent d’être particulièrement douloureuses, le Gouvernement ayant annoncé dans le cadre du plan Action publique 2022 la réduction de 10 % de la masse salariale de l’ensemble des réseaux de l’État à l’étranger d’ici à 2022 !
Dans ces conditions, si l’on regarde les opérateurs de notre diplomatie culturelle, comment mettre en œuvre dix-sept des trente-trois mesures du plan Langue française et plurilinguisme avec seulement 2 millions d’euros supplémentaires non reconductibles et aucun emploi pour l’Institut français ? Comment doubler le nombre d’étudiants internationaux accueillis en France avec un budget inchangé pour Campus France ? Surtout, comment doubler le nombre d’élèves scolarisés dans notre réseau à l’étranger, avec un budget également inchangé pour l’AEFE ? Atteindre les 700 000 élèves dans le réseau en 2030, comme l’a annoncé le Président de la République, c’est l’équivalent de l’ouverture de quarante-huit établissements tous les ans pendant treize ans. Est-ce un objectif vraiment raisonnable ?
Je m’interroge aussi sur le devenir de la Fondation Alliance française, qui, si elle a échappé à la disparition, est néanmoins profondément dévitalisée dans l’opération de rapprochement avec l’Institut français. Notre pays a encore la chance d’avoir deux beaux réseaux d’influence dans le monde : les instituts français et les alliances françaises. Il faut absolument rétablir la confiance. Nous avons besoin d’un « travailler ensemble » serein et apaisé entre ces deux réseaux. Ce sont des pépites pour notre pays. Mais pour combien de temps encore, au regard des coupes budgétaires drastiques dont fait l’objet notre réseau à l’étranger ?
Mes chers collègues, vous le voyez, ma frustration est grande et mes réserves sont immenses. La commission de la culture, sans enthousiasme aucun, mais au vu de la stabilité de ce programme, a néanmoins choisi d’émettre un avis favorable à l’adoption des crédits destinés à notre diplomatie culturelle au sein de la mission « Action extérieure de l’État ».