Intervention de Olivier Cadic

Réunion du 3 décembre 2018 à 14h30
Loi de finances pour 2019 — Action extérieure de l'état

Photo de Olivier CadicOlivier Cadic :

Maurice Gourdault-Montagne, secrétaire général du ministère de l’Europe et des affaires étrangères, s’est exclamé lors d’une audition : « Les bijoux de famille ont été vendus ! »

Nous n’avons plus beaucoup de marges de manœuvre. M. Gourdault-Montagne a rappelé que notre immobilier n’était financé que par des cessions, et ce qu’il s’agisse de maintenance ou de construction. Depuis une dizaine d’années, nous avons donc débudgétisé l’immobilier.

Nous avons connu, en 2018, onze opérations de cession à l’étranger, pour un total de 30 millions d’euros. Nous aurons, en 2019, un montant à peu près équivalent, ce qui n’est pas suffisant et a entraîné, par exemple, la suspension de la construction d’une nouvelle ambassade en Corée.

Parce que nous n’investissons pas suffisamment dans l’entretien de nos bâtiments, ils se dégradent. Déjà, l’an dernier, nous vous posions ici la question suivante, restée sans réponse : quelle est, monsieur le ministre, la stratégie du Gouvernement à moyen terme dans ce domaine ?

Dans le cadre de la « modernisation des services consulaires », nous proposons en outre plusieurs pistes de travail qui servent toutes cette ambition d’offrir un service public de qualité aux Français de l’étranger.

Nous avons de plus en plus d’expatriés, mais de moins en moins de moyens, c’est le fameux effet ciseaux. Nous souhaiterions expérimenter une approche plus audacieuse, au terme de laquelle les consulats seraient transformés en centres de profit via la récupération intégrale du produit des services fournis. Parmi les solutions envisagées pourrait figurer également l’équipement d’outils de saisie d’empreintes biométriques pour les consuls honoraires, à l’image de ce que font nos amis Allemands.

Autre sujet majeur : l’enseignement français à l’étranger.

Tout d’abord, je veux faire part d’une véritable satisfaction. Je vous proposais à cette tribune l’an dernier, au nom du groupe Union Centriste, l’objectif de doubler le nombre d’écoles françaises à l’étranger d’ici à cinq ans. Depuis lors, le Président de la République, dans son discours de mars dernier, a fixé l’objectif de doubler le nombre d’élèves scolarisés dans l’enseignement français à l’étranger d’ici à 2025. L’objectif est désormais fixé à 2030.

Je me félicite que le réseau se mette « en marche », même si je regrette que cela soit une marche lente. Nous espérons que cela aboutira à une profonde réforme de l’AEFE, et nous nous réjouissons que le Premier ministre ait confié une mission à la députée Samantha Cazebonne sur le sujet. Nous appelons de nos vœux une transparence totale sur les dépenses de l’AEFE, qui, je le rappelle, n’accueille qu’un enfant français sur cinq établis à l’étranger. Lorsque des revenus de chef d’établissement sont supérieurs, comme on peut l’observer, à ceux des ministres, ou quand des enseignants résidents sont surpayés par rapport à leurs collègues recrutés localement pour effectuer le même travail, cela pose question, ne trouvez-vous pas, monsieur le ministre ?

Enfin, la politique de coopération culturelle constitue une part essentielle de l’action de la France à l’étranger. Elle permet à notre pays de rayonner hors de ses frontières auprès de publics étrangers, tout en s’adressant aussi à nos compatriotes expatriés. Nous saluons donc la hausse du budget alloué à ces actions dans le programme 185, bien que nous en déplorions la faiblesse des montants. Pour quatre enfants français sur cinq à l’étranger, les familles doivent donc se tourner vers l’enseignement local, voire vers les établissements internationaux. De fait, de nombreux enfants nés de couples binationaux ne parlent aujourd’hui pas notre langue, et ce alors même qu’ils disposent de la nationalité française.

L’objectif que nous proposons, comme nous l’avions fait l’an dernier, est que tous les Français parlent français. Je soumettrai donc trois amendements visant à apporter une réponse à cette problématique par le transfert des crédits de l’AEFE vers l’Institut français, pour financer l’expérimentation d’un chèque éducation ouvert à tous les enfants français à l’étranger. Cela participera au financement de l’Institut français et des alliances françaises, qui réalisent un travail essentiel de diffusion de la langue et de la culture françaises hors de nos frontières.

Dans un contexte de stagnation budgétaire, nous nous félicitons que l’Institut français fasse figure d’exception, puisque sa subvention augmente de près de 7 %. De même, les subventions aux alliances françaises croissent de 6 % pour mettre en œuvre le plan en faveur de la langue française. Or la Fondation Alliance française reste dans une situation difficile. Mon groupe aura donc l’occasion de vous soumettre un amendement visant à la soutenir.

Le groupe Union Centriste votera la mission « Action extérieure de l’État », tout en restant vigilant sur la mise en œuvre des crédits et leur évolution au cours des prochaines années.

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