Monsieur le président, monsieur le président de la commission, mesdames, messieurs les sénateurs, le budget de la mission « Action extérieure de l’État » est reconduit à périmètre constant. J’y insiste, toutes les dotations de cette mission sont reconduites à périmètre constant. La diminution de 4 % des crédits que vous avez pu constater s’explique par deux facteurs, que certains d’entre vous ont soulignés.
Tout d’abord, nos contributions internationales et aux opérations de maintien de la paix diminuent. La baisse précitée des crédits, monsieur Delahaye, est donc liée au simple constat de la réduction en volume, et non pas uniquement en proportion, des opérations de maintien de la paix. Nous avons également pu agir de manière habile et anticipée sur l’évolution du taux de change, ce qui nous permet de réaliser des économies.
Ensuite, il y a les crédits liés à la sécurité. Ils ne sont pas en baisse. Simplement, la possibilité a été ouverte au ministère de l’Europe et des affaires étrangères de puiser 100 millions d’euros dans le compte d’affectation spéciale « Gestion du patrimoine immobilier de l’État », comme l’ont relevé les uns et les autres. Il a été rappelé également qu’il faudrait rembourser ce montant progressivement à partir de 2021. Nous allons donc immédiatement engager 100 millions d’euros de travaux pour la sécurité de nos lycées et de nos sites les plus exposés.
Si nous demeurons à politique constante, ce qui n’est sans doute pas la bonne méthode pour l’avenir, nous bénéficierons d’un apport supplémentaire de parc immobilier sous la forme de plus de 250 emprises immobilières, du fait de la politique qui a été lancée d’unification du pilotage interministériel de l’ensemble de l’action extérieure de l’État.
Ces points méritaient d’être soulignés en introduction.
Je précise, à l’intention des sénatrices et des sénateurs qui n’étaient pas présents lorsque nous examinions les crédits de la mission « Aide publique au développement », que je vais présenter un amendement visant à abonder de 6, 6 millions d’euros les trois programmes de la mission « Action extérieure de l’État », afin que ces crédits soient rétablis au niveau prévu dans le projet de loi de finances initial.
Le périmètre initial de ce budget n’est donc aucunement modifié, et MM. Delahaye et Féraud ont bien voulu le reconnaître dans leur propos introductif. Je leur sais gré de leur clarté à cet égard et de la précision de leurs analyses sur le projet de budget que je vous soumets.
Il a également été fait état de la décision de conforter le ministère de l’Europe et des affaires étrangères dans son rôle de pilotage interministériel de l’ensemble de l’action extérieure de l’État.
J’ai fait précédemment référence à la partie immobilière. Il s’agit de créer une véritable agence de l’État à l’étranger, sous l’autorité de l’ambassadeur. Désormais, la gestion des fonctions supports et des crédits de fonctionnement de tous les réseaux internationaux de l’État, aujourd’hui disséminés, sera unifiée sous la seule responsabilité du ministère de l’Europe et des affaires étrangères. C’est une mutation considérable, et je remercie les rapporteurs spéciaux d’avoir bien voulu le noter. Nous allons ainsi mettre un terme à l’effet « silo » de la gestion des moyens de l’État à l’étranger.
Il est vrai qu’en contrepartie de ces réorganisations et dans le cadre de la maîtrise des dépenses de l’État, le Premier ministre a fixé un objectif de réduction de 10 % de la masse salariale – et non pas des emplois ! – à l’étranger à l’horizon de 2022. Une confusion a d’ailleurs été faite entre l’objectif qui m’a été assigné et le projet de budget pour 2019 qui vous est soumis.
Le projet de budget pour 2019 prévoit effectivement, au sein du schéma d’emplois, une réduction de 130 emplois équivalents temps plein, mais cette baisse permettra de contribuer à l’effort qui nous est demandé sur la durée. Il ne s’agit pas d’une réduction de 10 % de la masse salariale. En effet, comme l’ont noté les rapporteurs spéciaux, les dépenses de personnel sont en réalité en augmentation de 36, 6 millions d’euros, en grande partie du fait que l’inflation à l’étranger, là où se trouve la majorité de nos personnels, est supérieure à celle que nous connaissons en France.
Puisque l’on m’a interrogé sur l’objectif de réduction de 10 % de la masse salariale à l’horizon de 2022, je veux dire que cette réduction concernera l’ensemble des ministères présents au sein de l’unité qui se met actuellement en place. Chacun devra contribuer à cet effort, et je veillerai personnellement à ce que notre capacité à mener à bien l’ensemble des missions ne soit en rien remise en cause. J’y serai très vigilant, le Premier ministre le sait, et je tiens à vous en informer.
Pour répondre à la question de M. Delahaye, j’indique que nous avons interrogé nos ambassadeurs et ceux-ci viennent de nous transmettre l’ensemble de leurs propositions. Je n’ai pas eu encore le temps de les étudier, mais, lorsque je le ferai, je serai extrêmement vigilant sur l’effort partagé, sur la durée et sur la préservation de toutes de nos missions, lesquelles ne sauraient être réduites par quelque dispositif que ce soit. Je ne pratique donc pas la politique du rabot !
Réorganiser les fonctions de l’État à l’étranger afin de les rationaliser et de les rendre cohérentes, en supprimant les doublons et en renforçant l’efficacité, c’est suivre une logique de cohérence, et non pas de rabot. Toutefois, le ministère de l’Europe et des affaires étrangères doit contribuer, comme les autres ministères, à la maîtrise des dépenses publiques.
J’entends de nombreux intervenants dire qu’il faut maîtriser les dépenses publiques. Pour notre part, nous y contribuons en essayant d’accroître notre efficacité.
Ce projet de budget doit nous permettre de mettre en œuvre les grandes priorités de notre diplomatie. La première d’entre elles est le soutien au multilatéralisme et, plus largement, aux acteurs qui agissent pour un monde plus équitable et plus stable.
Plusieurs d’entre vous, en particulier le président Christian Cambon ainsi que MM. Fouché et Poniatowski, ont fait état de la crise du multilatéralisme. Je reviens du sommet du G20, et je l’ai constatée de visu.
Il est nécessaire que nous soyons à l’avant-garde de la refondation du multilatéralisme, que nous maintenions nos positions sur ce sujet et que nous trouvions des alliés ; il y en a ! Il importe que nous soyons présents sur ce terrain. Notre rang international veut que nous œuvrions en faveur de la refondation du multilatéralisme, de la sécurité collective, de la coopération. C’est un autre débat, que je pourrais avoir avec vous prochainement en commission, mais ce point est tout à fait essentiel pour nous.
À cet égard, je voudrais préciser que nous sommes absolument en désaccord avec les propos tenus par Olaf Scholtz, le ministre de l’économie…