Intervention de Jean-Yves Le Drian

Réunion du 3 décembre 2018 à 14h30
Loi de finances pour 2019 — Action extérieure de l'état

Jean-Yves Le Drian :

En tout cas, il ne s’agit pas du ministre des affaires étrangères allemand, avec qui j’ai discuté de cette question.

D’abord, il serait inconvenant à l’égard de la France de remettre en cause sa place de membre permanent du Conseil de sécurité.

Ensuite, il serait aléatoire de demander un siège unique européen au sein du Conseil de sécurité, alors que l’Europe en compte aujourd’hui cinq, dont deux permanents.

Par ailleurs, nous avons fait des propositions de réforme du Conseil de sécurité que certains d’entre vous ont évoquées et qui nous paraissent de bonne méthode pour s’adapter à l’évolution du monde. Il ne s’agit pas seulement de la présence de l’Europe au sein du Conseil.

Je voulais répondre à cette question avec beaucoup de clarté. Nous avons fait savoir aux autorités allemandes quelle était notre position sur ce sujet.

Monsieur Temal, puisque nous parlons de multilatéralisme et d’un monde plus stable, sachez que nous avons bien pris en compte, dans les rendez-vous à venir, l’hypothèse d’un Brexit sans accord. En cas de crise majeure, nous avons pris les dispositions nécessaires pour que nos consulats soient renforcés et qu’ils puissent réagir aux difficultés qui ne manqueraient pas de se produire alors.

La deuxième priorité assignée à mon ministère est de renforcer l’influence et l’attractivité de notre pays. C’est pourquoi j’ai souhaité que les moyens de notre réseau de coopération et d’action culturelle soient sanctuarisés. Ils ont été augmentés l’année dernière, et j’avais alors annoncé qu’ils seraient sanctuarisés à ce niveau, ce qui est aujourd’hui le cas. C’est même la première fois depuis longtemps que les moyens de ce réseau se stabilisent au lieu de baisser – je suis prêt à toutes les comparaisons avec le passé. Cet outil est tout à fait indispensable non seulement pour la diffusion de notre langue, mais aussi pour porter notre vision de la culture, défendre nos industries culturelles et créatives, nouer des partenariats dans tous les domaines scientifiques, ainsi que pour renforcer notre attractivité universitaire.

Les moyens de l’Agence pour l’enseignement français à l’étranger seront maintenus, conformément aux engagements du Président de la République. L’AEFE recevra ainsi une subvention de 384 millions d’euros. Le modèle de l’Agence sera conforté, et nous engagerons les évolutions nécessaires à un développement plus ambitieux de son réseau, comme l’a demandé le Président de la République. Je travaille sur ce sujet avec M. Blanquer, et je serai amené assez rapidement à faire des propositions au Président de la République – j’en informerai les commissions compétentes de l’Assemblée nationale et du Sénat – visant à doubler le nombre d’apprenants – M. Cadic y a fait allusion – à l’horizon de 2030.

L’enveloppe des bourses scolaires sera préservée. Son passage de 110 millions à 105 millions d’euros vise simplement à adapter le budget à la dépense réelle observée. Je tiens d’ailleurs à vous préciser que, lors de la discussion budgétaire en séance publique à l’Assemblée nationale, en réponse à plusieurs amendements déposés sur la possibilité d’augmenter le nombre de familles bénéficiaires d’une aide à la scolarité, j’ai annoncé que j’allais étudier la revalorisation du barème du quotient familial maximum de 21 000 à 23 000 euros pour la rentrée 2019-2020. Cette mesure n’est pas d’ordre législatif, mais je souhaite qu’elle puisse advenir dans les délais indiqués. En cas de besoin supérieur de crédits, la « soulte » accumulée par l’AEFE sur les bourses, aujourd’hui sous-consommée, pourra être mobilisée.

On m’a beaucoup parlé du STAFE. Sachez que je suis prêt à regarder avec vous comment valider le dispositif et même l’améliorer, à partir des retours d’expérience.

Concernant enfin les opérateurs, l’accroissement des moyens de l’Institut français, à hauteur de 2 millions d’euros, permettra notamment de financer les actions liées au plan Francophonie annoncé par le Président de la République en mars dernier.

Notre troisième priorité est bien entendu d’assurer au ministère des affaires étrangères les moyens de fonctionner dans de bonnes conditions.

J’ai eu l’occasion de vous donner des précisions sur le patrimoine immobilier de l’État à l’étranger. Nous allons poursuivre notre vigilance sur la bonne qualité de la mobilisation des fonds qui y sont affectés. À cet égard, je voudrais rassurer M. Cadic : notre ambassade à Séoul sera la première priorité de notre programmation en 2019.

Je sais qu’il y a beaucoup d’interrogations sur le programme temporaire 347, consacré à la présidence française du G7. Nous allons y revenir lors de la discussion des amendements, mais je voudrais d’ores et déjà vous dire que ce programme a été paramétré pour faire face aux besoins les plus indispensables, et guère plus. Nous avons une maîtrise très rigoureuse de ces crédits, sous le contrôle de la Cour des comptes. La vigilance sera donc totale.

Tels sont les quelques propos complémentaires dont je voulais vous faire part sur la mission « Action extérieure de l’État ». Sachez que les moyens mis à disposition me permettent d’agir et permettent à l’ensemble des acteurs du Quai d’Orsay d’agir de manière cohérente et efficace. Les leviers d’action à notre disposition permettront à la France de conserver une présence toujours à la hauteur de sa place dans le monde et à celle des enjeux de la refondation du multilatéralisme que nous appelons de nos vœux.

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