Intervention de Antoine Lefèvre

Réunion du 4 décembre 2018 à 9h30
Questions orales — Conséquence de la sécheresse sur l'agriculture

Photo de Antoine LefèvreAntoine Lefèvre :

La sécheresse estivale a des conséquences particulièrement importantes dans les Hauts-de-France, et dans le département de l’Aisne en particulier.

En ce qui concerne les fourrages, les éleveurs ont dû utiliser leurs stocks dès le début de juillet pour alimenter leurs animaux.

En ce qui concerne les pommes de terre de consommation, la récolte est très hétérogène, de 35 tonnes à 100 tonnes à l’hectare en fonction des pluies d’orage, soit une chute moyenne du rendement de 25 %.

Pour les parcelles de betteraves récoltées en novembre, la baisse de rendement est de 34 %, soit environ 31 tonnes par hectare, ce qui représente un manque à gagner de 775 euros par hectare ou 48 % du bénéfice de la parcelle.

La culture des colzas, quant à elle, est « mort-née » : à peine levée, elle a brulé par manque d’eau.

Le même constat vaut pour les plantes intermédiaires, les surfaces d’intérêt écologique et ce que l’on nomme communément les « pièges à nitrates », ces cultures rendues obligatoires par l’Europe.

C’est ainsi que, en plus de la sécheresse, les agriculteurs sont surveillés par l’administration qui, par ses contrôles obligatoires au titre de la PAC, constate des défauts de cultures dus à l’absence de pousse, susceptibles d’engendrer des pénalités !

Cet aléa climatique fait suite à quatre années de difficultés liées à la météorologie et à des cours mondiaux très bas.

Alors que l’Allemagne a mis en œuvre des plans d’urgence et que de nombreux pays ont obtenu de Bruxelles des dérogations pour les surfaces d’intérêt écologique, seule la France a demandé à ses agriculteurs d’effectuer des dépenses inutiles en semant malgré la canicule.

L’Allemagne a très vite débloqué 340 millions d’euros pour ses agriculteurs, si bien que ceux-ci achètent aujourd’hui le fourrage qui nous manquera cet hiver…

Fin octobre, vous avez annoncé, monsieur le ministre, différentes initiatives, comme un dégrèvement de la taxe sur le foncier non bâti ou des reports et allégements de cotisations sociales dues à la Mutualité sociale agricole, la MSA. Les agriculteurs souhaiteraient que le bénéfice de ces mesures aille aux exploitations les plus touchées, au lieu d’être réparti en fonction du nombre d’exploitations par département, sans fléchage particulier.

Le préfet vous a fait remonter l’état des lieux dans notre département de l’Aisne, pour qu’enfin des décisions puissent être prises en matière de dérogations.

Vous avez annoncé ici même, samedi dernier, le déblocage de 400 millions d’euros au titre de la sécheresse. Monsieur le ministre, pourriez-vous nous dire comment cette somme sera ventilée et quelles aides directes les agriculteurs sont en droit d’attendre ?

Aucun commentaire n'a encore été formulé sur cette intervention.

Inscription
ou
Connexion