Intervention de Sébastien Lecornu

Réunion du 5 décembre 2018 à 14h15
Loi de finances pour 2019 — Article 79 quinquies nouveau, amendement 59

Sébastien Lecornu :

Sujet complexe s’il en est ! Tout à l’heure, un sénateur s’est laissé aller à un peu de brutalité dans le langage, en disant que le Président de la République voulait décider tout seul du sort de la métropole du Grand Paris… Nous faisons de la politique, je comprends donc qu’il soit logique, pour certains sénateurs, de taper sur le Président de la République !

Je suis juste de l’autre côté de la « frontière » et je regarde les choses depuis l’Eure en voisin bienveillant. Si ces personnalités importantes, élus locaux engagés et reconnus, élus au suffrage universel, que sont M. Bédier, M. Devedjian, Mme Pécresse, M. Ollier, Mme Hidalgo, étaient spontanément d’accord pour présenter une proposition, les choses seraient bien évidemment plus simples.

Mon propos n’est pas une critique, il vise juste à rappeler qu’on ne peut pas se contenter d’invoquer la liberté locale. L’État devra évidemment décider, mais j’ai trouvé un peu ingrat et injuste d’entendre dire, lors de la discussion générale, qu’il était scandaleux que l’État décide de tout et tout seul sur la métropole du Grand Paris. En effet, si les choses étaient si simples, je crois que certaines décisions auraient été prises sous les quinquennats de Nicolas Sarkozy et de François Hollande.

Si l’on fait confiance à la sagesse sénatoriale, il faut, à mon avis, examiner cette question du financement de la métropole avec beaucoup de calme et de technicité. Faisons en sorte de préserver un fort degré de lisibilité pour nos concitoyens. J’ai en effet la faiblesse de penser que, si l’on n’est pas capable d’expliquer les choses à nos concitoyens en deux ou trois phrases, cela signifie qu’on n’a pas forcément tout fait bien !

Je m’exprime devant vous pour la première fois sur la question de la métropole, je le fais avec beaucoup d’humilité parce que j’ai bien conscience que les choses sont très complexes.

Je suis actuellement en train de rencontrer toutes les parties prenantes. Je commence par les élus locaux, mais je verrai les parlementaires, cela va sans dire, non pour faire un rapport, car je pense que beaucoup de choses ont été écrites. Je ne suis entré en fonctions que depuis quelques semaines et je veux me faire une opinion un tout petit peu « à chaud » sur la situation pour, le cas échéant, faire des propositions au Président de la République.

À l’Assemblée nationale, le député Gilles Carrez – dont tout le monde connaît le sérieux et les références, puisqu’il a notamment présidé le comité des finances locales, le CFL –, les députés du groupe socialiste et du groupe de La République En Marche ont approuvé en commission, sur la question de la métropole, l’idée d’une forme de moratoire – je me méfie du mot en ce moment ! §Cela permet de dégager à nouveau un peu de temps pour permettre de prendre les bonnes décisions, comme il se doit.

On le sait, le cycle électoral va démarrer en mars 2020, avec les municipales, qui seront suivies des régionales et des départementales en mars 2021.

On peut se dire que tout cela n’a que trop duré. Je ne peux pas vous donner tort. « En même temps », je pense qu’on s’y est tous mis pour que cela dure. À nous de faire en sorte de tous nous y mettre pour en sortir !

J’émets un avis défavorable sur l’amendement n° II-59 rectifié parce que je souhaite préserver l’esprit de l’amendement voté à l’Assemblée nationale et garder ce temps, qui permet de prendre les bonnes décisions.

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