Intervention de Annick Billon

Réunion du 5 décembre 2018 à 21h45
Loi de finances pour 2019 — Enseignement scolaire

Photo de Annick BillonAnnick Billon :

Monsieur le président, monsieur le ministre, mes chers collègues, 20 % des élèves quittent aujourd’hui l’école sans maîtriser les savoirs fondamentaux. Près de 120 000 jeunes sortent chaque année du système scolaire sans diplôme ni qualification.

La dernière enquête PISA, publiée par l’OCDE, dresse un tableau alarmant : depuis près de vingt ans, notre système éducatif ne permet plus de réduire les inégalités sociales ni de rendre possible l’élévation des citoyens par le mérite. Il s’agit pourtant d’un principe cardinal de notre République.

Pour relever ces défis, l’école doit se réformer et devenir le socle d’une République avec plus d’égalité, plus de liberté, plus de justice. C’est la raison pour laquelle, monsieur le ministre, je souhaiterais, au nom du groupe Union Centriste, saluer la revalorisation du budget de la mission « Enseignement scolaire » avec 811 millions d’euros supplémentaires. Il s’agit d’une réelle source de satisfaction, car ce choix politique sera porteur d’effets concrets sur l’enseignement scolaire. Ce choix renferme également une dimension symbolique forte. En effet, faire de l’enseignement scolaire le premier budget de l’État, c’est envoyer un message clair à nos concitoyens, celui de la priorité donnée au savoir et à la jeunesse.

Aujourd’hui, les experts s’accordent à dire que l’État n’investit pas suffisamment, particulièrement dans les premiers niveaux d’éducation. Par ailleurs, toutes les études convergent pour montrer que les inégalités naissent dès l’école maternelle.

Pendant trop longtemps, l’école primaire a été le parent pauvre du budget dédié à l’enseignement, inférieur de 14 % à la moyenne de l’OCDE. C’est pourquoi, monsieur le ministre, donner, comme vous le faites, la priorité au premier degré, c’est faire le choix d’une société plus égalitaire. Ce changement de référentiel est donc une bonne chose. Celui-ci passe bien entendu par la transmission et la consolidation des savoirs fondamentaux – lire, écrire, compter –, mais aussi par le respect des valeurs de la République, du principe de laïcité et de l’autorité du professeur.

Ce changement passe également par une réorganisation profonde des classes. À cet égard, nous saluons les mesures visant à réduire à 12 élèves l’effectif des classes de CP et de CE1, ainsi que le dédoublement de ces mêmes classes en REP et REP+. Il faudra toutefois veiller à adapter ce dispositif aux écoles situées en milieu rural afin de ne pas accroître la fracture territoriale dont souffrent nos campagnes. Je rejoins, à ce titre, la proposition du rapporteur pour avis Jacques Grosperrin visant à transférer 10 millions d’euros de dépenses du titre 2 vers l’enseignement primaire afin de créer des postes supplémentaires en faveur de l’école rurale.

Quant au second degré, nous nous interrogeons sur les suppressions de postes et leur compensation par des heures supplémentaires. Si cette mesure doit permettre d’augmenter le pouvoir d’achat des professeurs, elle reçoit un accueil contrasté de la part des équipes pédagogiques.

Le groupe Union Centriste se félicite par ailleurs de l’augmentation des crédits consacrés à l’accompagnement des enfants en situation de handicap, ce qui devrait notamment permettre le recrutement de 1 500 AESH dès janvier 2019.

Je souhaiterais conclure en évoquant un sujet qui me tient particulièrement à cœur, celui du harcèlement à l’école.

Selon une enquête publiée par l’UNICEF le mois dernier, un tiers des enfants interrogés déclare subir régulièrement des attaques verbales ou physiques de la part d’autres enfants au sein de leur établissement scolaire et 47 % d’entre eux en feraient l’expérience dès le CP. À l’heure où nous mettons l’accent sur l’importance de l’acquisition des fondamentaux dès le plus jeune âge, il me semble important de rappeler ces chiffres effarants. Des chiffres qui doivent nous amener à réfléchir sur la mise en place de structures d’accueil au sein des établissements scolaires. Car l’enseignement suppose un préalable : la sérénité et la sécurité de nos enfants dans les apprentissages !

Monsieur le ministre, vous l’aurez compris, le groupe Union Centriste est favorable à l’adoption des crédits de cette mission et soutiendra l’amendement du rapporteur pour avis Jacques Grosperrin.

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