Monsieur le président, monsieur le ministre, mes chers collègues, premier budget de la Nation, d’un montant de 51, 7 milliards d’euros et en hausse de 861 millions d’euros, l’enseignement scolaire donne cette année la priorité au premier degré.
Lire, écrire, compter, respecter autrui, il s’agit de favoriser, dès le plus jeune âge, la maîtrise de ces savoirs fondamentaux. L’élève pourra ainsi pleinement bénéficier de l’enseignement qui lui sera donné ensuite et développer ses compétences.
Pendant plusieurs années, l’effort a été mis sur le secondaire. Cet effort est préservé. Il assure les équilibres primordiaux, tout en mettant l’accent sur la qualité des enseignements, dont le volume est maintenu.
La relance des stages de réussite contribuera à l’objectif de réduction des difficultés scolaires. Le dispositif « Devoirs faits » montera en puissance.
Pour rendre effective cette ambition d’élever le niveau général, le projet de loi pour une école de la confiance prévoit la scolarisation obligatoire dès trois ans en 2019. Certes, la majorité des enfants de cet âge sont déjà accueillis, mais ceux qui n’ont pas encore accès à l’école sont le plus souvent issus de milieux défavorisés. Or chaque enfant, quelle que soit son origine sociale, géographique ou culturelle, doit avoir toute sa place à l’école et les mêmes chances de réussite. Dans notre société fragmentée, l’école doit redevenir le premier lieu de justice sociale.
Cette réforme ne constituera pas une charge financière supplémentaire pour les communes, car elle sera compensée par l’État.
C’est à ce même souci d’équité que répond l’extension du dédoublement des classes de CP et de CE1 en réseau d’éducation prioritaire. Là où elle a été expérimentée, les performances moyennes des élèves se sont beaucoup améliorées.
Assurer à chacun un véritable droit à l’éducation, c’est aussi veiller à améliorer la scolarisation en milieu ordinaire des enfants en situation de handicap. Des accompagnants seront recrutés. Je reconnais qu’il conviendrait d’améliorer leur statut et leur rémunération. La concertation « Ensemble pour une école inclusive » permettra d’y contribuer.
Le lien de confiance avec les membres de la communauté éducative est indispensable à la réussite des élèves. Le caractère attractif du métier d’enseignant doit donc être renforcé, la formation améliorée et la gestion de carrière revalorisée. Vous y travaillez, monsieur le ministre, notamment par un recrutement ciblé, par la mise en place de primes pour les enseignants en réseau d’éducation renforcé et par l’engagement d’augmenter le traitement des jeunes professeurs certifiés de plus de 1 000 euros d’ici à la fin du quinquennat.
Toutefois, je crains que Mayotte ne puisse tirer tout le profit de cette politique, tant la situation y est particulière. Elle devrait pourtant en être l’une des premières bénéficiaires. Toute l’île est placée en réseaux d’éducation prioritaire. C’est une bonne initiative, mais le manque de personnels et d’infrastructures en limite la portée.
À Mayotte, très peu d’enfants de trois ans sont en maternelle. C’est d’autant plus dommageable que le français n’est pas la langue du quotidien. Cela rend difficile l’apprentissage de la lecture et de l’écriture.
Il faudrait créer une classe par jour. La charge est lourde pour des communes qui ont peu de ressources…
En 2016, les trois quarts des jeunes de seize à dix-sept ans étaient en situation d’illettrisme, soit sept fois plus que la moyenne nationale. Le nombre d’élèves du secondaire a doublé en dix ans. Par contre, le recrutement des enseignants est difficile et nous manquons de conseillers d’orientation, de médecins et d’infirmiers scolaires.
Je me réjouis de la création prochaine d’un rectorat de plein exercice. Sont aussi prévus le recrutement de 500 personnels de l’éducation nationale sur cinq ans et l’engagement par l’État de plus de 500 millions d’euros sur le quinquennat en faveur de l’investissement dans les constructions scolaires.
Comment cette ambition se traduit-elle cette année ? Les moyens pour Mayotte sont en hausse, mais certains craignent qu’ils puissent seulement parer au plus urgent, sans impulser un vrai changement de paradigme. Je regrette que, malgré les bonnes volontés et les efforts déployés, notre République ne puisse traiter de façon égale tous ses enfants, fussent-ils à plus de 8 000 kilomètres de Paris.
Le groupe La République En Marche votera les crédits de cette mission.