Monsieur le président, monsieur le secrétaire d’État, mes chers collègues, cet amendement de principe vise à supprimer l’article 19, qui prévoit une évolution faible de la DGF pour 2011.
Dans la continuité de la politique menée par les différents gouvernements depuis 2007, la DGF sert, cette année encore, de variable d’ajustement du budget de l’État.
Après avoir supprimé, en 2009, l’indexation de la dotation globale de fonctionnement sur l’inflation majorée de 50 % de la croissance du produit intérieur brut, le PIB, mise en œuvre sous Lionel Jospin, le Gouvernement supprime aujourd’hui, dans l’article 19, l’indexation automatique de la DGF et plonge ainsi les collectivités territoriales dans l’imprévisibilité budgétaire, puisqu’il reviendra dorénavant à la loi de finances annuelle d’en fixer le montant.
Eu égard à la politique d’austérité budgétaire à laquelle le Gouvernement contraint les collectivités territoriales par l’application du gel en valeur à l’ensemble des concours financiers de l’État, il y a fort à parier que, dans les années à venir, l’évolution de la DGF sera égale ou proche de zéro. Pour 2011, le Gouvernement proposait initialement une évolution réduite à 0, 2%, soit seulement 86 millions d’euros.
Toutefois, le quasi-gel de la DGF n’est pas la seule menace qui pèse sur les recettes budgétaires des collectivités territoriales. Chaque année, un besoin de financement important se manifeste au sein de la DGF : prise en compte du recensement rénové, qui pèse pour plus de 73 millions d’euros sur la DGF des communes et des départements ; montée en puissance de l’intercommunalité, avec les prévisions de regroupements de communautés de communes, qui coûtera en 2011 89 millions d’euros ; prise en compte du coefficient d’intégration fiscal le plus élevé pour le calcul de la nouvelle DGF ; évolution faible de la péréquation verticale, pour un montant inférieur à 180 millions d’euros.
Pour parvenir à financer cette augmentation interne à la DGF en restant dans une enveloppe fermée, le Gouvernement a pris une double décision.
En premier lieu, il a décidé de geler le montant des composantes de la dotation forfaitaire de la DGF perçue par les communes et les départements, et de diminuer la dotation des régions.
En second lieu, il a décidé de réduire la dotation de compensation de la suppression de la part salaire de la taxe professionnelle perçue par les communes et leurs groupements, et d’écrêter le complément de garantie perçu par les communes.
Ces mesures d’économies entraîneront donc une perte de recettes budgétaires pour les collectivités territoriales, particulièrement pour les communes dont la population stagne ou diminue.
Sur l’initiative du rapporteur général de la commission des finances à l’Assemblée nationale, Gilles Carrez, et du rapporteur spécial de la mission « Relations avec les collectivités territoriales », les députés ont été contraints, cette année encore, à de nombreuses contorsions budgétaires pour tenter de ramasser ici et là quelques millions d’euros. Ils ont notamment dénoncé la gestion opportune du Gouvernement qui comptait conserver pour l’État le bénéfice de la diminution de la dotation de compensation pour pertes de bases, à la suite de la suppression de la taxe professionnelle, pour un montant de 149 millions d’euros.
Ainsi, l’Assemblée nationale a choisi, au motif qu’ils disposaient encore de sommes inutilisées, de diminuer, d’une part, le Fonds de solidarité en faveur des collectivités territoriales et de leurs groupements touchés par des catastrophes naturelles et, d’autre part, le Fonds d’aide au relogement d’urgence, le FARU.
Dans tous les cas, puisque la DGF et les concours financiers évoluent au sein d’une enveloppe fermée, l’augmentation d’une dotation se fait toujours au détriment d’une autre. C’est un jeu à somme nulle pour le Gouvernement, mais cela se traduit par des pertes bien réelles pour les collectivités territoriales.
Le vrai problème est inscrit dans le projet de loi de programmation des finances publiques pour les années 2011 à 2014. Il s’agit du gel en valeur de l’ensemble des concours financiers de l’État aux collectivités territoriales. Tant que vous ne permettrez pas une évolution dynamique des dotations, vous serez condamnés tous les ans à gérer la pénurie budgétaire, et les collectivités territoriales seront condamnées à voir diminuer le montant de leurs recettes. Dans ces conditions, toute volonté de renforcer la péréquation est vouée à l’échec !
Notre groupe s’est vivement opposé au gel en valeur des dotations dans le projet de loi de programmation des finances publiques.
Dans cet esprit, il ne peut accepter aujourd’hui le quasi- gel de la dotation globale de fonctionnement et les nombreuses manœuvres budgétaires qu’il induit.
Au-delà de tout ce que je viens d’énoncer, il en va de l’avenir de l’investissement des collectivités, avec les répercussions que la baisse de ce dernier aura sur l’activité des entreprises et sur l’emploi.