Monsieur le Premier ministre, monsieur le secrétaire d’État auprès du ministre des affaires étrangères, alors que l’Europe peine encore à trouver une sortie collective organisée et raisonnable à la crise migratoire historique qu’elle traverse, de nouvelles interrogations émergent.
À force d’inaction, parfois même de déni de réalité, la question migratoire n’a pas été gérée, comme nous l’ont d’ailleurs rappelé les oubliés de la croissance, les perdants de la mondialisation. Dans ce contexte particulièrement tendu, de nombreux Français découvrent le Pacte global pour les migrations sûres, ordonnées et régulières porté par l’ONU.
Si pays d’accueil, pays de transit et pays d’origine peuvent au moins s’accorder sur l’intitulé du pacte, il reste que le contenu et la méthode ne laissent pas d’interroger, voire d’inquiéter, car le texte sur lequel s’engage notre pays n’a rien d’anodin.
Les signataires y prennent l’engagement de réaliser 23 objectifs, déclinés en près de 200 mesures spécifiques, dont la mise en œuvre sera, en outre, surveillée par un mécanisme de suivi et d’examen.
Comme souvent, les inquiétudes sont balayées, voire méprisées par les tenants du pacte, qui présentent les esprits sceptiques comme, au mieux, mal renseignés ou, au pire, mal intentionnés.
De surcroît, le plus élémentaire des réflexes démocratiques aurait dû être, pour le Gouvernement, d’informer la représentation nationale de ce projet et d’en débattre avec elle avant de prendre définitivement position. Dès lors, monsieur le secrétaire d’État, le Gouvernement a-t-il conscience qu’en procédant de la sorte il contribue à un affaiblissement démocratique renforçant le sentiment que les peuples n’ont plus leur destin en main ?