Je m’associe bien entendu aux propos de mes collègues, mais je voudrais pour ma part, sur ce sujet extrêmement sensible, reprendre les arguments que j’ai développés dans la discussion générale.
J’avais alors rappelé à quel point le fait que la croissance reste atone dans notre pays suscite des inquiétudes majeures, notamment quant aux conséquences qu’une telle situation pourrait avoir sur l’emploi. Par conséquent, la croissance sera-t-elle suffisante dans les prochains mois pour recréer un peu de dynamique économique ?
À cet égard, nous devons garder à l’esprit le fait que l’investissement local constitue bien souvent le levier qui permettant à la croissance de redémarrer. Je vous rappelle, mes chers collègues, que 75 % de l’investissement public reposent aujourd’hui sur les collectivités territoriales.
Dans ces conditions, si l’on affaiblit les moyens d’intervention des collectivités, on va restreindre la capacité d’investissement local, et la croissance en pâtira inévitablement.
Cet argument complète ceux qui ont été évoqués à propos du devoir de l’État de compenser les charges résultant des compétences qu’il a transmises aux collectivités. Nous avons évalué ce besoin de compensation, mais nous ne voyons rien venir… Je souhaitais attirer votre attention sur cette réalité, monsieur le secrétaire d’État.
L’un de nos collègues a dit que son département présentait une ardoise de 400 millions d’euros. Le retard pris est donc aujourd’hui considérable.
De surcroît, l’affaiblissement des moyens d’action et des capacités d’investissement est préjudiciable pour l’avenir. J’insiste sur le fait que les attentes sont fortes, non seulement en matière d’investissements de proximité et de services publics, mais aussi dans le domaine des investissements d’avenir, notamment quant au déploiement sur nos territoires des réseaux numériques à haut et très haut débit. Aujourd'hui, parce que l’État n’a pas trouvé les moyens nécessaires pour faire face à ces besoins, il demande aux collectivités de prendre le relais et d’assurer le financement de cet investissement considérable, qui s’élève à plusieurs milliards d’euros dans chaque département. Si les collectivités ne peuvent pas suivre, le retard pris par la France en la matière risque de s’accentuer. On pourrait ainsi multiplier les exemples.
Mon collègue Gérard Miquel a parlé des lignes à grande vitesse. Là encore, la collectivité départementale au sein de laquelle je siège doit débourser 104 millions d'euros pour que l’équipement prévu soit réalisé dans les meilleures conditions et les plus brefs délais. Si l’on ne peut pas respecter l’échéancier de paiement, la réalisation de l’investissement sera retardée.
Au-delà de ces quelques exemples, je souhaite attirer l’attention du Gouvernement sur les conséquences du gel des dotations. Depuis plusieurs années déjà, l’effort financier en direction des collectivités territoriales décroît, avec, d’abord, la suppression du contrat de croissance et de solidarité, ensuite, la fin de l’indexation et, enfin, l’évolution vers les normes zéro volume et, désormais, zéro valeur.
Ce ralentissement accéléré de l’effort financier de l’État envers les collectivités territoriales nous inquiète profondément. Nous redoutons que ces dernières ne soient plus en mesure de répondre à temps aux enjeux d’avenir, alors même que, avec la crise économique, les besoins sociaux s’accroissent, la nécessité d’investissement étant ressentie avec d’autant plus d’acuité.
Dans ces conditions, cet amendement me semble se justifier pleinement dans son principe en ce qu’il nous permet de revendiquer une capacité d’action améliorée pour les collectivités et de répondre à une exigence : il faut certes rééquilibrer les finances publiques, mais il convient surtout de préparer l’avenir de nos enfants, en construisant des équipements adaptés à leurs besoins. Si les collectivités locales ne peuvent pas le faire, la France prendra du retard.