Monsieur le sénateur, vous soulevez deux questions importantes.
La première, c’est que les territoires ne sont pas du tout dans la même situation à l’égard du chômage. Le taux de chômage est de 6, 8 % en Aveyron et de 5, 8 % en Mayenne, alors que la moyenne nationale se situe à 9, 1 %. Certains départements connaissent un taux de chômage de 18 % et, dans les outre-mer, le taux peut être de 25 % ou 30 %. La stratégie ne peut évidemment pas être la même selon le niveau du taux de chômage.
La seconde, c’est l’attractivité inversée liée au phénomène de métropolisation qui, depuis trente ou quarante ans, s’accentue. La crise des dernières semaines a montré à quel point la question des territoires ruraux, des petites villes ou des villes moyennes était un véritable sujet, puisque beaucoup de ces habitants avaient le sentiment d’être loin des grandes métropoles où se concentrent l’emploi, l’activité, une partie des services publics et, d’une certaine façon, les richesses.
Face à cette situation, nous devons mener des stratégies différenciées. C’est ce que nous avons commencé à faire avec les pactes régionaux d’investissement dans les compétences. Pour aller plus loin, il faut aborder la question de la mobilité, que vous avez évoquée. C’est le deuxième frein à l’emploi après la compétence. Un Français sur quatre a refusé, au cours de sa vie, une formation ou un emploi faute de mobilité.
Il s’agit d’abord de la mobilité de proximité : c’est le problème de l’accès à des modes de transport, et il faudra certainement encourager le développement du covoiturage dans la loi sur les mobilités, mais d’autres formes existent.
Il s’agit, ensuite, de la mobilité résidentielle, c’est-à-dire, pour être clair, le fait de déménager. Aujourd’hui, nos politiques d’emploi et de formation sont liées, mais la mobilité et le logement sont souvent mis dans des silos différents, avec des compétences différentes, y compris dans nos institutions.
Dans le grand débat national que nous allons lancer dans quelques semaines et qui sera très territorialisé – vous avez entendu le Premier ministre l’évoquer –, les questions de logement et de transport seront très importantes. Car une partie des solutions viendra aussi, demain, du couplage des offres : vous aurez un emploi et un logement, ou un emploi et une mobilité.
Aujourd’hui, nous n’y sommes pas encore. Pôle emploi propose des aides à la mobilité, qui peuvent aller jusqu’à 5 000 euros par an et qui sont d’ailleurs peu et pas assez connues des demandeurs d’emploi. Il faut aller plus loin et prévoir de véritables ingénieries, car avec les possibilités actuelles en matière de télétravail, de travail à distance pour le conjoint, on peut certainement créer plus d’emplois dans des zones qui en ont perdu beaucoup par le passé.