Intervention de Sophie Primas

Réunion du 12 décembre 2018 à 21h45
Emplois non pourvus en france : quelles réponses ? quelles actions — Débat interactif

Photo de Sophie PrimasSophie Primas :

Monsieur le président, madame la ministre, mes chers collègues, sur le front de l’emploi, la France est le dernier grand pays industriel à ne pas s’être remis de la crise de 2008 : plus de 9 % de chômage – vous venez de le dire – et 300 000 emplois non pourvus. Nous sommes tous d’accord, cela pose un gros problème.

Une des raisons majeures de cette situation est la probable inadéquation de notre appareil de formation, en grande partie parce que les entreprises, qui sont les mieux placées pour connaître leurs propres besoins, n’y occupent pas assez de place.

Les entreprises trop éloignées de la formation, cela entraîne trois conséquences, que vous avez d’ailleurs évoquées : une inadéquation trop fréquente de la formation aux besoins réels, une méconnaissance totale par les jeunes de l’entreprise en général, de son fonctionnement et de son activité – vous avez dit qu’ils avaient une image datée des métiers et vous avez raison –, et enfin une méconnaissance de l’éventail des métiers et des opportunités de carrière.

Or, dans la formation initiale, il existe un dispositif performant qui est l’apprentissage. Bon nombre des métiers en tension nécessitent un apprentissage. L’objectif de 500 000 places qui est régulièrement cité – je crois que vous l’avez fait vôtre – est toujours le même. J’ai entendu votre engagement ; néanmoins, nous stagnons depuis des années à 300 000 places.

Avant de faire décoller l’apprentissage, encore ne faudrait-il pas l’entraver. Sur les 300 000 apprentis, 100 000 sont formés dans des centres de formation et des écoles dépendant des chambres consulaires. Or, loi de finances après loi de finances, le Gouvernement assèche véritablement ces chambres consulaires, poursuivant en cela la politique du précédent quinquennat. Pour 2018, la recette affectée est réduite de 100 millions d’euros.

Le ministre de l’économie, Bruno Lemaire, a déclaré devant notre commission des affaires économiques qu’il ne faudrait pas que cette réduction ait un effet négatif sur les CFA et les écoles, et il l’a répété ce soir lors de son audition dans le cadre de l’examen du projet de loi PACTE, mais il ne nous a pas dit comment.

En l’état actuel, les CCI vont être contraintes de fermer des centres de formation, de se détourner de l’apprentissage au profit de la formation continue ou de la formation d’étudiants étrangers, plus lucratives.

Ma question est simple : comment ferez-vous pour garantir que le nombre d’apprentis des chambres consulaires non seulement ne diminue pas, mais augmente de deux tiers comme il conviendrait pour atteindre nos objectifs ?

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