Intervention de Muriel Pénicaud

Réunion du 12 décembre 2018 à 21h45
Emplois non pourvus en france : quelles réponses ? quelles actions — Débat interactif

Muriel Pénicaud :

Monsieur le sénateur, je voudrais d’abord dire, en étant quelque peu provocatrice, que ces difficultés de recrutement sont un « beau » problème. Car cela signifie que la France recrute aujourd’hui !

Nous avons plus de tensions parce que nous recrutons davantage qu’il y a quelques années. L’élément nouveau depuis un an est que l’on recrute plus en CDI, ce qui n’était pas arrivé depuis plus de dix ans.

L’industrie s’est remise à recruter. Pourquoi avons-nous une pénurie dans ce secteur ? En quinze ans, nous avons perdu un million d’emplois dans l’industrie en France ! Ce domaine est sorti de la tête des familles et des jeunes, pour lesquels ces métiers ne sont plus vus comme des métiers d’avenir.

Depuis un an, l’industrie cherche du monde. Bien évidemment, il faut reconstruire toute l’offre de formation. De plus, dans l’industrie, ce sont des métiers qualifiés. On cherche des soudeurs – cela a toujours été le cas, mais maintenant c’est dans des proportions énormes. On cherche des forgeurs numériques : tous ces métiers intègrent maintenant le numérique, mais les jeunes en ont une image qui date, si j’ose dire, de l’époque de Zola, alors qu’ils sont aujourd’hui extrêmement modernes, passionnants et plutôt mieux rémunérés que d’autres. On cherche des techniciens supérieurs et de maintenance. On cherche dans tous les secteurs ! On lance un plan fibre, mais on ne trouve pas de poseurs de fibre… Nous pourrions passer la soirée à citer des exemples bien réels.

Le premier sujet est celui des compétences, d’où cet effort massif au travers de l’apprentissage et du plan d’investissement dans les compétences ; c’est vraiment la priorité. Rien que pour les 124 territoires d’industrie qui viennent d’être annoncés, nous avons prévu dans ce plan 110 millions d’euros pour les questions de compétences et de qualification.

Certains métiers se sont aussi beaucoup développés. Vous avez évoqué l’hôtellerie-restauration, qui pose pour partie la question des conditions de travail, mais qui va de pair avec l’extraordinaire explosion du tourisme. La hausse du nombre d’emplois dans ces métiers dans notre pays est de 9 % depuis dix ans. C’est une bonne nouvelle, et c’est un « beau » problème, allais-je dire, à condition de le résoudre !

Certains emplois ne sont pas attractifs, on le sait, mais nous manquons de certains autres métiers, par exemple les chefs cuisiniers, pour lesquels une qualification qui ne s’acquiert que par l’apprentissage est nécessaire.

Nous avons la qualité, et même la meilleure. Je profite de l’occasion pour vous annoncer que la France a postulé pour être l’organisatrice en 2023 des jeux Olympiques, si j’ose dire, de l’apprentissage et des métiers que sont les WorldSkills. J’espère que nous pourrons alors faire briller les talents de la France dans tous les domaines. Cela permettra aussi de montrer l’attractivité des métiers, y compris les métiers techniques et ceux de l’aide aux personnes.

Il y a toutes sortes de métiers dans l’apprentissage, et chaque fois qu’on promeut l’apprentissage, on promeut le travail, on promeut la valeur du travail et on promeut l’attractivité des entreprises.

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