Monsieur le sénateur, je partage tout à fait votre point de vue. Tous ceux qui pensent qu’il y a une baguette magique et une seule pour la lutte contre le chômage se trompent. Je pense comme vous qu’il y a un éventail de solutions. Il faut agir sur tous les leviers à la fois : l’offre, la demande, la formation, la mobilité, la motivation, la dignité du travail, les formes et conditions du travail. Bref, et, d’ailleurs, l’ensemble de vos questions le montrent, lutter contre le chômage de masse, c’est en même temps valoriser le travail, le retour au travail et donner les moyens à chacun d’accéder à un emploi.
C’est une question vaste, et peut-être y a-t-il des sujets que nous n’avons pas encore assez développés. Pour autant, je pense qu’avec le Plan d’investissement dans les compétences nous avons choisi d’accélérer. Nous finançons massivement les préparations opérationnelles à l’emploi individuelles, car, comme vous l’avez dit, elles sont très efficaces. Nous allons aussi développer l’insertion par l’activité économique via les entreprises adaptées.
Enfin, nous misons sur l’opération #VersUnMetier, qui porte spécifiquement sur les métiers en tension. Cette opération a été lancée avec le directeur général de Pôle emploi voilà deux mois et demi. Déjà 10 000 actions ont été menées dans plus de 800 agences Pôle emploi. Le succès est au rendez-vous, car c’est non pas un agent de Pôle emploi qui parle d’un métier aux demandeurs d’emploi, mais directement le chef d’entreprise, l’entrepreneur ou un collaborateur.
J’étais il y a quelques semaines à Paris dans une agence du XXe arrondissement où une cinquantaine de demandeurs d’emploi étaient venus découvrir ce qu’était un référent web. Dans une PME, il s’agit de la personne qui sait à la fois s’occuper des connexions de l’ordinateur, faire un emailing, réaliser un petit développement web. C’est un peu le « couteau suisse » dont a besoin la PME. Il arrive que ces salariés soient à la disposition d’un groupement d’employeurs, parce qu’il n’y a pas de besoin à plein-temps pour un seul employeur. Il y a donc une offre potentielle de CDI très intéressants, répartis sur deux ou trois entreprises. Ces emplois ne nécessitent pas de qualifications préalables ; on n’a pas besoin d’être geek ni d’avoir fait des maths. Il suffit de suivre les quatre mois de formation intensive, que nous finançons grâce au Plan d’investissement dans les compétences.
Ce genre d’approche montre une chose : il faut actionner tous les leviers et, je terminerai sur ce point, mobiliser les leviers et les acteurs sur le terrain, car ce sont de multiples microsolutions de ce type qui font reculer le chômage chaque jour. Nous nous y attelons, et nous avons besoin du soutien de tous pour le faire.