Intervention de Oleg Shamshur

Commission des affaires étrangères, de la défense et des forces armées — Réunion du 12 décembre 2018 à 10h00
Situation en ukraine et en particulier sur les incidents dans le détroit de kertch — Audition de s.e. M. Oleg Shamshur ambassadeur d'ukraine

Oleg Shamshur, ambassadeur :

Le Président et Mme Timochenko sont pour le moment en tête.

Nous avons des échanges très importants avec notre voisin hongrois. Cependant, il subsiste un point de désaccord sur la possibilité, pour les membres de la minorité hongroise, de recevoir un enseignement dans leur langue natale. Nous faisons tout notre possible pour leur offrir une éducation dans leur langue et promouvoir leur culture et leur identité, mais le plus important est l'apprentissage de la langue officielle du pays. La France a au demeurant une législation assez rigide sur les langues minoritaires... Les discussions avec la Hongrie se poursuivent sur le sujet mais nous déplorons que les autorités hongroises aient porté cette question dans le cadre de l'OTAN, qui n'est pas l'enceinte appropriée pour en discuter.

L'annexion de la Crimée rend-elle caduc le traité de 2003 ? C'est un sujet de débat assez vif en Ukraine. Aucune décision finale n'a été prise. Quoi qu'il en soit, la Russie viole clairement ce traité.

Nous demandons une mission de contrôle de l'OSCE pour assurer la désescalade en mer d'Azov. Nous sommes satisfaits des discussions qui se sont déroulées au Conseil ministériel de Milan. L'OSCE a un rôle important à jouer dans ce dossier.

L'Ukraine est l'une des premières victimes des cyberattaques russes. Les ingérences dans le processus électoral, les tentatives de causer des dommages à nos institutions et à nos entreprises sont prises très au sérieux. Heureusement, nous avons de très fortes capacités en matière informatique - un article les a même placées au deuxième niveau mondial. Nous craignons des ingérences dans les campagnes électorales de 2019 et faisons notre possible pour défendre nos ressources et nos institutions.

Les anciens combattants de la guerre dans le Donbass, professionnels et volontaires, sont en effet très présents dans la société. L'enjeu principal, pour eux, est la réadaptation à la vie civile, comme dans tous les pays qui ont connu des conflits. C'est un problème social, psychologique et de santé publique.

Les pertes induites par la situation dans la mer d'Azov sont très importantes. Notre ministre des infrastructures m'a récemment indiqué que la réduction de l'activité commerciale pourrait atteindre 50 %, voire 70 %. Les intentions des Russes sont claires : aggraver la situation économique de Marioupol et Berdiansk pour créer des tensions, et détériorer la situation générale du pays dans la perspective des élections de 2019. C'est pourquoi il faut agir rapidement. Nous avons besoin de programmes de coopération, même modestes, pour aider les populations affectées par ce blocus de facto.

Les discussions à Milan ont été fructueuses : les membres de l'OSCE ont pris conscience de la gravité de la situation. Quant aux insinuations, en Ukraine, sur les personnes à qui la situation aurait pu profiter, elles sont alimentées par la propagande russe. C'est à l'initiative du Président de la République que le Parlement a réduit la durée d'application de la loi martiale de soixante à trente jours et en a réduit le périmètre aux dix régions frontalières. De plus, le Parlement a adopté dans la foulée la loi fixant la date des élections. Le Président a aussi souligné pendant les délibérations que les droits civiques ne seraient pas abrogés, sauf en cas d'attaque terrestre de la Russie. Nos partenaires ont toutes les garanties que le processus électoral se déroulera comme prévu.

Les conséquences économiques de l'incident du 25 novembre sont graves pour le Donbass entier, car les ports de Marioupol et Berdiansk sont très importants pour notre réseau de transport et d'infrastructures. L'évaluation des pertes prendra du temps, et nous aurons besoin de l'aide de nos partenaires.

Pour rappel, 24 militaires ukrainiens ont été capturés, six sont blessés dont deux grièvement ; nous n'avons pas de communication quotidienne avec eux. Ils ont été jugés et transférés à Moscou. Nous n'acceptons pas les charges retenues contre eux et ne reconnaissons pas aux autorités russes le droit de les juger. Ils sont à nos yeux des prisonniers de guerre et doivent être traités comme tels. Nous sommes très préoccupés par leur sort. Quant aux échanges de prisonniers, nous essayons toujours de négocier pour récupérer nos compatriotes détenus mais, pour le moment, nous sommes en situation de blocage face à la Russie. Nous apprécions la solidarité de la France sur ce dossier.

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