Cet avis politique concerne le coeur du réacteur européen : la politique de la concurrence. Sur la façade des immeubles haussmanniens, à Paris, il y a écrit « gaz à tous les étages ». À Bruxelles, il y a écrit « concurrence à tous les étages » ! La concurrence est devenue une religion de substitution. La politique de la concurrence, c'est non seulement la défense des intérêts des consommateurs - ce qui est louable -, c'est aussi la recherche des prix les plus bas possibles par tous les moyens possibles. L'Europe a ainsi jeté par-dessus bord des industries entières ces dernières années, entrainant un recours accru aux importations, sans se préoccuper des conditions de fabrication au Bangladesh ou en Chine, ni du CO2 émis car, par exemple, chaque jean acheté a fait le tour du monde avant d'atterrir sur nos marchés ! La politique des prix bas et de fermeture des industries a des conséquences que l'on découvre avec les gilets jaunes : les jeans ne coûtent peut-être pas chers mais il y a de plus en plus de gens qui ne peuvent plus se les payer !
Je suis d'accord avec mes collègues sur l'alinéa 12. L'Union européenne a réussi cet exploit de nous ouvrir aux vents de la concurrence mondiale sans nous protéger. Les États-Unis, à l'inverse, ont un Buy American act. L'Union européenne est le seul ensemble à ne pas se protéger. L'alinéa 14 vise le contrôle des investissements étrangers et appelle à l'ouverture des marchés tiers aux exportations européennes. Disons-le franchement, on vise la Chine. L'Europe a réussi à contraindre les Grecs à céder à la Chine leur port du Pirée...