Intervention de Fabien Gay

Réunion du 29 janvier 2019 à 14h30
Croissance et transformation des entreprises — Article 3

Photo de Fabien GayFabien Gay :

Depuis un an maintenant, la lutte contre les fausses informations a fait l’objet de toutes les attentions avec, trop rarement, un rappel essentiel : l’aggravation de ce phénomène ne tient pas tant à une diffusion plus importante des informations qu’à une défiance généralisée à l’égard de nos médias.

Le réflexe logique aurait donc été de réinvestir massivement dans la presse pour lui redonner du cachet, par le biais d’un investissement d’État global pour garantir le pluralisme de la presse. L’aide au développement de ressources propres des titres est le seul moyen permettant à terme de lutter efficacement contre la concentration de toute la presse dans quelques mains.

Le bilan est aujourd’hui clair : l’État se désengage massivement des aides à la presse privée et retire ses subsides à l’audiovisuel public. On aurait donc pu se dire que l’objectif était de pousser les titres à développer des ressources propres. Mais cela était sans compter avec la volonté du Gouvernement d’aller toujours plus loin en matière de réduction des coûts des entreprises.

Le résultat est illustré par cet article 3, qui revient sur un des principes fondateurs des annonces judiciaires et légales : la tarification à la ligne. Cela tient pourtant du bon sens : plus une entreprise prend de place dans le journal, plus elle paie. Cela compense à la fois l’espace occupé que la publication ne pourra pas utiliser et les retombées économiques attendues par l’entreprise en question.

Ce système, c’est ce qui permet à des dizaines de titres de presse, notamment locaux et spécialisés, de survivre. Cela permet d’ailleurs à des entreprises extra-spécialisées d’avoir accès à une audience que l’on sait intéressée sur le principe aux activités de l’entreprise. On est donc dans un modèle gagnant-gagnant.

Mais la tarification forfaitaire voulue par le Gouvernement vient mettre à bas ce principe, avec des coûts déjà estimés à 18, 5 millions d’euros pour ces titres. Il s’agit d’un nouveau coup porté aux éditeurs de presse, après la baisse des aides et l’instauration de la taxation spécifique destinée à sauver Presstalis. Certes, le Gouvernement a acté un lissage de la mesure sur cinq ans pour permettre d’amortir quelque peu les pertes pour les titres. Il n’empêche que l’on parle à plus ou moins long terme de plusieurs millions d’euros de pertes que le Gouvernement n’entend pas compenser. Et quand bien même l’aurait-il fait, l’on est en droit de s’interroger : pourquoi les entreprises ne devraient-elles pas payer à leur juste valeur un service sur lequel elles font des bénéfices réels, notamment en termes de visibilité ?

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