La pérennité est un enjeu important. À la différence des médias nationaux, nous ne disposons pas de garanties sur le long terme. Les crédits sont votés annuellement par voie législative, ce qui nous contraint à monter chaque année au créneau auprès du pouvoir politique. Nous n'avons ni visibilité ni sécurité ; or nous avons de très nombreux collaborateurs au sein d'une trentaine de rédactions. Il nous est impossible d'en fermer et d'en ouvrir d'une année sur l'autre, d'autant que les visas de nos collaborateurs sont liés à leur travail. Nous devons cette sécurité à ceux qui travaillent pour nous. Le Gouvernement et le Parlement nous traitent bien, mais si la situation de la Fédération venait à se détériorer, nous en subirions les conséquences.
ARD et ZDF reçoivent 8 milliards d'euros par an, à côté desquels nos 350 millions paraissent peu, mais la croissance de notre budget est supérieure de 5 à 6 % à la leur. Grâce à l'oreille bienveillante du Gouvernement et du Parlement, nous devrions poursuivre notre progression.
Les fake news sont tout simplement des mensonges. Elles existent depuis l'Empire romain et devraient se perpétuer. Il y a toujours eu de la propagande et de la désinformation, mais désormais, grâce aux réseaux sociaux, elles se diffusent à la vitesse de la lumière. Deutsche Welle n'a pas pour vocation de les décoder, même si nous les démentons lorsque nous y sommes confrontés. Nous avons développé une plateforme, Truly Media, pour permettre aux rédactions de vérifier certaines nouvelles et déterminer la provenance de vidéos. C'est cependant un problème de plus en plus difficile à résoudre, puisque la technologie progresse sans cesse. Il est désormais possible de mettre dans votre bouche, dans une vidéo, des mots que vous n'avez pas prononcés.
Deutsche Welle est une marque qui se doit d'être fiable, sûre et claire. Deutsche Welle et France Médias Monde, comme d'autres grands médias, ont de l'avance sur les autres grâce à leur crédibilité.
Nous devons aussi informer nos citoyens sur les fake news. Pour certains, la « loi d'accès à internet » votée par le Bundestag est parfaite ; pour d'autres elle est inutile. Son objectif est d'obliger les entreprises et hébergeurs qui publient une information fausse à la retirer de leurs contenus. Le législateur leur confie ainsi la responsabilité de distinguer le vrai du faux ; or la frontière est ténue et mouvante. Nous ne voulons pas d'un ministère de la vérité, ou que quelques stagiaires sur Facebook soient chargés de trier l'information.