Par conséquent, à l’instar de la sécurité sociale, le financement de ces allocations se doit d’être assumé par tous.
Or tel est n’est pas le cas aujourd’hui. L’impôt local, avec ses injustices inhérentes, que tout le monde connaît, a pris le relais pour une part importante du financement national, mettant en cause le pacte républicain que j’évoquais à l’instant.
Mes chers collègues, les sénateurs socialistes, apparentés et rattachés estiment aujourd’hui que l’ensemble du système de financement des allocations individuelles de ressources doit être réformé et reposer sur des ressources nationales.
Tel est l’objet de nos trois amendements, qui visent à mettre en place un financement par l’État pour chacune des allocations de solidarité.
À présent, je voudrais répondre aux critiques formulées par le Gouvernement au cours de la précédente discussion.
Lors de l’examen d’amendements similaires dans le cadre du projet de loi de programmation des finances publiques pour les années 2011 à 2014, le président de la commission des finances, notre éminent collègue Jean Arthuis, nous avait reproché de déresponsabiliser les départements en envisageant une compensation intégrale des allocations versées.
Or notre amendement relatif à la compensation de l’APA prévoit, comme la dernière fois, un ticket modérateur à la charge des départements. En effet, avec le dispositif que nous proposons, les départements n’obtiendraient de compensation qu’à hauteur de 90 % des dépenses engagées. Ce principe tient compte des engagements en termes d’accompagnement de la mise en œuvre du dispositif de l’APA pris par les départements en 2001.
Au début du mois de novembre, vous avez rejeté nos propositions au motif que le projet de loi sur le cinquième risque apporterait les réponses nécessaires.
Lors de son entretien télévisé de la semaine dernière, le Président de la République a confirmé sa volonté de faire adopter un texte avant l’automne de l’année 2011.
Néanmoins, les pistes évoquées pour le moment sont inquiétantes, qu’il s’agisse du recours sur succession ou des assureurs privés via, selon le Président de la République, des « produits financiers innovants » !
Outre ces propositions critiquables, le projet de loi, s’il est déposé puis adopté – voilà tellement longtemps qu’on l’attend qu’on ne l’espère plus ! –, ne permettra pas de répondre au problème global de financement du RSA et de la PCH.
En outre, lors de la discussion générale, M. le ministre du budget a évoqué la mise en place, à titre exceptionnel, d’un fonds de soutien dans le collectif de fin d’année, à hauteur de 150 millions d’euros. Si cette solution était finalement retenue, elle serait largement insuffisante face à l’ampleur du déficit auquel sont confrontés les départements.
Comme je l’ai indiqué, le déficit brut de compensation des départements avoisine les 6 milliards d’euros en 2010, le reste à charge net étant de 5, 3 milliards d’euros. Dans ce contexte, les 150 millions d’euros proposés « généreusement » par le Gouvernement relèvent à nos yeux de la charité !
De même, 50 % de ce montant, soit 75 millions d’euros, serait sans doute, sous toute réserve, distribué discrétionnairement en échange d’un engagement des départements à stabiliser certains postes budgétaires, par exemple les personnels ou les dépenses non obligatoires sur des politiques d’intervention, comme le sport et la culture. C’est inacceptable !
De tels contrats auront donc pour conséquence d’imposer une contrainte supplémentaire aux départements. Or les départements ont besoin non pas d’une mise sous tutelle, mais d’un desserrement de l’étau financier qui pèse sur leur budget !
Encore une fois, la proposition du Gouvernement prouve sa défiance envers les collectivités territoriales et son refus de prendre conscience du fait décentralisateur.
Nos amendements ont le mérite de poser clairement le problème du financement des allocations individuelles de solidarité et d’apporter une solution immédiate, en envisageant une réforme structurelle et pérenne.
Les départements ne peuvent plus attendre. Il est maintenant urgent d’agir. M. le président de la commission des finances, qui exerce les fonctions de président du conseil général de son département, ne me démentira pas sur la situation d’urgence dans laquelle nous sommes placés !