Monsieur le ministre, je crois que vous ne pouvez plus ignorer que cette question de la privatisation d’Aéroports de Paris occupe désormais une place particulière dans nos débats. Au demeurant, je trouve que cette question, qui vient au débotté dans ce projet de loi fourre-tout, aurait mérité un texte à part.
De nombreuses critiques mettent en avant le risque de bradage d’un emblème national et d’une infrastructure stratégique au profit du secteur privé. Vous affirmez, de votre côté, votre volonté de voir l’intérêt public préservé, mais cela ne suffit pas à nous rassurer, puisque nous sommes tous conscients ici des risques que cette privatisation, d’un monopole de surcroît, représente.
Le parallèle avec la privatisation des autoroutes a été fait à de nombreuses reprises ici, notamment au regard du principal intéressé, pour le rachat d’ADP.
Il y a bien un risque, effectivement, qu’un groupe, déjà actionnaire à hauteur de 8 %, détienne alors un monopole à la fois sur les autoroutes et sur les aéroports, deux secteurs stratégiques indispensables au bon fonctionnement de notre pays.
Je dois vous le dire, monsieur le ministre, vos propos à la fois sur le cahier des charges, les redevances, les investissements, le statut des personnels ou encore le contrôle des frontières, ne sont pas de nature à nous rassurer.
Enfin, le précédent fâcheux de la privatisation de l’aéroport de Toulouse, décidé en 2015 par le gouvernement d’alors, devrait nous alerter un peu plus sur les risques d’une telle décision. Les investisseurs chinois qui ont racheté en 2015 l’aéroport de Toulouse cherchent aujourd’hui à le revendre, en faisant une confortable plus-value de 200 millions d’euros en quatre ans seulement.
Encore une fois, monsieur le ministre, nous ne pouvons pas minimiser ou évacuer le risque réel que représente cette privatisation de nos infrastructures stratégiques en les laissant à la merci des actionnaires, et, plus encore, des pratiques douteuses qu’a révélées dernièrement la Cour des comptes lors d’un précédent rapport.
En conclusion, je ne voterai pas cette privatisation, et donc je voterai les amendements tendant à sa suppression, car je ne peux pas, monsieur le ministre, vous suivre dans cette voie qui nous amène assurément dans une zone de turbulences dont l’issue serait grave pour notre pays.