Madame la ministre, comme vous le savez, les États-Unis ont décidé vendredi dernier de suspendre leur participation au traité sur les forces nucléaires à portée intermédiaire, le FNI. Ils justifient leur position du fait que les Russes seraient sur le point de mettre en place de nouveaux missiles, en violation du traité.
Ce traité concerne particulièrement l’Europe, puisqu’il trouve son origine dans la crise des euromissiles des années 1970. À cette époque, les Russes avaient installé des missiles nucléaires à portée intermédiaire pouvant atteindre n’importe quelle capitale européenne. En réaction, les Américains avaient décidé d’en faire autant, si bien qu’il a fallu attendre 1987 pour qu’un accord bilatéral signé par Ronald Reagan et Mikhaïl Gorbatchev permette de supprimer cette catégorie de missiles des deux côtés.
Autre inquiétude : Vladimir Poutine a indiqué via un vice-ministre que le traité de réduction des arsenaux nucléaires, qui arrive à terme en 2021, pourrait ne pas être reconduit. Nous avons donc l’impression que l’histoire bégaie. Comment faire en sorte d’éviter que ne se reproduisent les erreurs du passé ? Nous y voyons l’opportunité pour l’Europe de s’exprimer fortement, afin que le contrôle des armes nucléaires soit une réalité.
À l’heure actuelle, la défense européenne prend de nombreuses initiatives, s’éparpille en projets : la coopération structurée permanente en matière de défense, ou PESCO, le fonds européen de la défense, l’initiative européenne d’intervention, ou EI2. Mais elle se montre incapable de présenter des solutions à la hauteur des menaces. Elle reste désespérément dépendante des Américains.
L’Europe doit pourtant prendre ses responsabilités à l’égard d’un allié qui ne se montre pas toujours fiable et prévisible, et à l’égard d’une Russie qui multiplie les coups de force pour affirmer sa puissance. Madame la ministre, quelle initiative comptent prendre la France et ses alliés européens pour éviter le risque d’une nouvelle course aux armements nucléaires ?