Monsieur le sénateur, si j’approuve le sens de vos propos, je ne suis d’accord ni sur les chiffres – je vous apporterai peut-être de ce point de vue de bonnes nouvelles – ni sur les qualificatifs que vous utilisez.
J’ai eu l’occasion de le rappeler hier de manière assez forte à l’Assemblée nationale, les classes rurales ont évidemment besoin de notre bienveillance et de notre soutien. Je l’ai dit hier et je le redis devant vous aujourd’hui : l’école primaire rurale française réussit mieux que la moyenne des autres écoles primaires. Elle doit donc être soutenue, qu’il s’agisse de mettre en place, au cas par cas, de façon pragmatique, des regroupements pédagogiques intercommunaux ou des classes multiniveaux. C’est résolument le sens de notre politique, qui vise notamment à créer des postes et ouvrir des classes afin d’accompagner le monde rural.
J’insiste très solennellement sur un point au sujet duquel nous devrions tous être d’accord : le vrai problème, c’est la démographie. Il importe que nous mettions en place une stratégie, en particulier dans le secteur rural. Pour ce faire, nous devons articuler quelques facteurs – notamment celui de l’école –, afin de rendre ces territoires plus attractifs et de faire en sorte que des familles s’y installent. C’est à mes yeux la vraie réponse, car, quelle que soit notre bienveillance, que faire quand il n’y a plus d’élèves ?
Selon vous, nous aurions décidé « d’accabler la ruralité ». Nous n’avons pas accablé la Moselle, tant s’en faut, pas plus que nous avons accablé la ruralité en général !
À la rentrée 2018, 20 emplois supplémentaires ont été créés pour 544 élèves de moins. À la prochaine rentrée, 12 emplois seront créés pour 1 000 élèves de moins. Il s’agit donc non pas de suppressions, mais de créations !
Le taux d’encadrement du département mesuré par le nombre d’enseignants pour 100 élèves est passé de 5, 45 en 2017 à 5, 57 en 2019. La progression est donc considérable. Ce dont nous pouvons débattre, c’est la façon dont nous répartissons les postes. C’est pourquoi nous avons signé un contrat de ruralité à l’échelle de la Moselle. Je suis tout à fait disposé à en discuter avec la rectrice et avec le directeur académique des services de l’éducation nationale, le DASEN. Bien souvent en effet, les moyens supplémentaires sont davantage consacrés à la formation des maîtres, afin de réussir le rebond qualitatif de l’école rurale, qu’au maintien de classes avec trop peu d’élèves dans certains endroits.
Ces choix qualitatifs seront discutés dans le cadre du contrat départemental, mais ne dépeignez pas la réalité sous de fausses couleurs. Ce serait ajouter inutilement du désespoir, alors que l’éducation nationale apporte tout son soutien aux écoles rurales, en particulier dans votre département.