Sur la Libye, tous les acteurs présents à Palerme, dont MM. Medvedev et al-Sissi, étaient d'accord pour respecter et mettre en oeuvre le calendrier fixé. M. Salamé est mandaté à cette fin. Pourquoi ne les croirais-je pas ? Tous approuvaient le lancement d'un processus qui suppose d'abord une conférence nationale pour déterminer le mandat électoral. En effet, il est difficile d'organiser un référendum et une élection dans un pays qui n'a pas dans ses gènes les habitudes démocratiques. Il n'y avait pas beaucoup d'élections sous Kadhafi, sous le règne du roi Idriss ou sous la colonisation italienne. Les Italiens étaient d'ailleurs présents à Palerme et à Paris.
À partir de là, c'est aux Libyens de prendre en main leur destin en application des orientations validées par tous. Le rôle des principaux acteurs est de faire en sorte que cela puisse se faire. Certes, cela n'est pas si simple - le cessez-le-feu a été de nouveau instauré, et certaines milices peuvent essayer de perturber le dispositif. Pour la France, l'enjeu est essentiel pour de nombreuses raisons, y compris sécuritaire et de gestion maîtrisée des migrations.
Dans mes fonctions, il est préférable d'être optimiste et volontariste ! Mais quand une ligne politique est définie, il faut s'y tenir et faire en sorte qu'elle soit respectée. Ceux qui ne la respectent pas se mettent hors-jeu, et il faut les dénoncer. Nous avons mis en oeuvre un certain nombre de sanctions au niveau européen à l'encontre de ceux qui étaient liés aux passeurs et de ceux qui utilisent les migrants dans des conditions absolument scandaleuses évoquées par la presse. Mais cela ne relève pas du processus politique : ce sont les dérives qui se sont créées en Libye depuis sept ans.
Je ne sais pas si je vous ai convaincus, mais j'essaye de vous montrer ma détermination à aboutir sur ce sujet difficile et douloureux.
Monsieur Bockel, les tensions restent identiques dans le Golfe : il n'y a pas d'amélioration majeure entre les six États membres du Conseil de coopération du Golfe (CCG). Nous parlons avec les uns et les autres - avec les Émirats arabes unis, le Qatar et le Koweït, qui voudrait parvenir à réconcilier les acteurs. Pour l'instant, la réconciliation n'est pas à l'ordre du jour. Nous considérons que la solution viendra des pays membres du CCG, qui doivent dépasser leurs difficultés internes pour essayer de retrouver une forme de sérénité.
Pour répondre à M. Guerriau, il y a un dispositif judiciaire en Irak qui fonctionne. Nous avons d'ailleurs récemment collaboré avec ce pays pour lui apporter une assistance en la matière. Ceux qui ont commis des exactions en Irak sont jugés par la justice irakienne : telle a toujours été notre position. Les terroristes sont jugés sur les territoires sur lesquels ils ont commis leurs crimes. Cela a été le cas pour Mme Boughedir. Si d'aventure d'autres combattants français combattaient en Irak sous la bannière de Daech, ils seraient jugés là où ils auraient commis leurs crimes.