À Madagascar, les élections se sont déroulées dans le calme, avec la victoire de Andry Rajoelina, qui a remporté le second tour assez largement contre Marc Ravalomanana, lequel a été président entre 2002 et 2009. Je vais encore faire preuve d'optimisme, mais c'est sans doute le premier scrutin qui se soit passé dans le calme depuis extrêmement longtemps. Les élections étaient libres, comme l'ont reconnu les observateurs internationaux, en particulier ceux de l'Union européenne. M. Ravalomanana a reconnu la victoire de son adversaire. Cela mérite d'être salué et ce succès démocratique marque la fin d'une longue crise politique dans laquelle Madagascar se trouvait plongée depuis plusieurs années. Le secrétaire d'État Jean-Baptiste Lemoyne a assisté à l'installation du nouveau président il y a deux jours, et j'ai l'intention de m'y rendre avant l'été pour témoigner du soutien de la France au peuple malgache dans une nouvelle phase de son histoire.
En République démocratique du Congo, la situation est plus difficile. Le président sortant Joseph Kabila n'était pas candidat. Les élections présidentielle, législatives et provinciales ont eu lieu deux ans après la date prévue. En dépit des défis logistiques et sécuritaires que l'organisation de ces élections représentait, elles se sont tenues dans des conditions jugées acceptables par les missions d'observation. Les résultats provisoires annoncés par la commission électorale le 10 janvier dernier et confirmés par la Cour constitutionnelle dans la nuit de samedi à dimanche ont donné l'opposant Félix Tshisekedi vainqueur avec 38 % des voix, suivi par M. Fayulu avec 34 % et le dauphin du président Kabila, M. Shadary, avec 23 %. Ces résultats ont suscité des doutes importants chez plusieurs partenaires de la RDC : la France - j'ai exprimé mes doutes de façon claire juste après les résultats -, l'Union européenne et l'Union africaine. Lors d'un sommet organisé le 17 janvier sous l'impulsion du président Kagamé, l'Union africaine a fait valoir ses interrogations, et a demandé un nouveau comptage des bulletins.
Notre approche consistait à demander que la clarté soit faite sur ces résultats et que le choix démocratique des Congolais soit respecté. De toute évidence, notre appel n'a pas été entendu. Nous souhaitons que le calme demeure. Nous soutiendrons tous les efforts qui pourraient être engagés pour trouver une solution politique à une crise postélectorale. Nous souhaitons que le nouveau président fasse preuve d'une volonté de consensus avec l'ensemble des acteurs de la vie politique au Congo. Ce pays important - il comprend plus de 80 millions d'habitants - a connu beaucoup de crises et de guerres internes. Un désir d'alternance s'est exprimé, puisque M. Shadary n'a pas gagné.