Nous portons aussi une attention toute particulière à la sécurité de nos ressortissants, mais aujourd'hui la situation est manifestement calme. Espérons qu'elle le reste !
Au Gabon, le président Ali Bongo a été victime d'un accident de santé le 24 octobre dernier, ce qui a abouti à une fragilisation de la situation dans le pays. Il est soigné à Rabat. Néanmoins, il a pu valider les résultats des élections législatives et recevoir la prestation de serment du nouveau gouvernement et de son nouveau Premier ministre avant de repartir pour Rabat où il poursuit sa convalescence. On craignait le pire après cet accident de santé, mais le calme est au rendez-vous. Nous souhaitons que la situation reste ainsi.
J'évoquerai à présent certaines crises qui ne sont pas réglées.
En République centrafricaine (RCA), la situation reste très fragile, comme le montrent les violences récurrentes. Dans ce contexte, la mise en oeuvre de l'Initiative africaine de paix, portée par l'Union africaine et par la Communauté économique des États de l'Afrique centrale (CEEAC), demeure notre priorité. Une série de consultations a été menée par les envoyés spéciaux de l'Union africaine, qui ont rencontré l'ensemble des 13 groupes qui s'affrontent sur le territoire. Une première session de dialogue direct entre le gouvernement de M. Touadéra et les différents groupes armés se tiendra à Khartoum à compter du 24 janvier. L'objectif est de trouver un consensus permettant d'aboutir à un accord de paix d'ici au mois de mars. Nous avons appelé toutes les parties à faire preuve d'esprit de consensus pour y parvenir, mais la situation est très confuse. Le rôle de l'Union africaine est essentiel dans cette affaire. La Mission multidimensionnelle intégrée des Nations unies pour la stabilisation en Centrafrique (Minusca), et une mission de l'Union européenne sont chargées de former les forces armées de la RCA, pays dans lequel la situation sécuritaire reste toujours extrêmement fragile.
Au Sahel, nous sommes particulièrement attentifs à l'évolution de la situation et l'opération Barkhane se poursuivra tant qu'il le faudra pour venir à bout de la menace terroriste. Le Président de la République l'a réaffirmé lorsqu'il s'est rendu au Tchad à la rencontre de la force Barkhane fin décembre, et l'a encore redit dans ses voeux aux armées. La situation sécuritaire est toujours assez fragile, notamment au Mali, comme l'a montré l'attaque djihadiste qui a visé une position de la Mission multidimensionnelle intégrée des Nations Unies pour la stabilisation au Mali (Minusma) à Aguelhok et a conduit à la mort de Casques bleus tchadiens. Des groupes terroristes divers essayent toujours de perturber l'équilibre général de l'ensemble de la zone.
Le nouveau Premier ministre malien est tout à fait à l'initiative pour aboutir à la mise en oeuvre des accords d'Alger, même si les progrès sont lents. Le processus appelé « Désarmement, démobilisation, réintégration » (DDR) a été lancé en novembre après l'élection présidentielle malienne. La force conjointe du G5 Sahel doit se mettre en oeuvre. J'entends bien les critiques sur le temps que cela prend, mais le processus avance. Celui-ci est inévitablement lent, puisque ce sont 5 forces armées qui essayent de s'unifier - nous n'avons jamais fait cela ! - sans beaucoup de capacités et de moyens. Progressivement, sous la responsabilité d'un général mauritanien, la force conjointe du G5 Sahel devient une réalité, commence à mener des actions. C'est un motif de satisfaction, même si on est encore loin de l'objectif : que ces 5 pays puissent eux-mêmes assurer leur propre sécurité.
Le processus est en tout cas lancé, avec le soutien politique des 5 chefs d'État concernés. Le pays le plus fragile est le Burkina Faso, qui ne dispose pas d'armée solide et où pénètrent des groupes liés à la mouvance peule qui se sont manifestés de manière assez violente ces derniers temps. Une collaboration entre la France et les autorités d'Ouagadougou devrait permettre au Burkina Faso de se renforcer sur un plan militaire et d'être en mesure de participer à la force conjointe.
Parallèlement, nous agissons en faveur du développement, via le dispositif d'appui au développement Alliance Sahel, dont le but est d'améliorer l'efficacité de l'aide internationale dans les régions difficiles et vulnérables. Plus d'un milliard d'euros a été engagé en 2018 par l'ensemble des contributeurs. L'AFD contribue pleinement à cet effort, avec des opérations concrètes, efficaces, visibles, rapidement mises en oeuvre pour que les populations concernées puissent se rendre compte de l'efficacité de l'action. Plus globalement, nous contribuons au programme d'investissements prioritaires du G5 Sahel. Le G5 Sahel est aussi une organisation politique avec d'autres enjeux que l'enjeu sécuritaire, dont les États membres se sont engagés dans un dispositif global de développement qu'il nous faut soutenir, car le Sahel fait partie des régions les plus en difficulté dans le monde. Profitant de ces faiblesses, les groupes réussissent à prospérer en renouant avec les grandes traditions du trafic et en menant des actes terroristes, avec le soutien d'organisations que l'on connaît trop bien, comme Aqmi.