La nomination de Mario Draghi en 2011 a suscité de nombreuses inquiétudes. Or chacun reconnaît aujourd'hui que sa politique n'a pas avantagé les banques et a plutôt servi l'intérêt général des États. J'en veux pour preuve la décision de maintenir des taux directeurs à un niveau très bas, qui a contraint l'ensemble du secteur bancaire à faire évoluer son modèle et son activité. Mario Draghi a fait une lecture très extensive des traités européens en proposant une politique monétaire non-conventionnelle et en tordant le bras aux Allemands qui y étaient hostiles à l'origine.
La politique de la BCE est globalement positive, même si elle a quelques effets secondaires, comme nous le rappelle Jean-Yves Leconte.
Pour répondre à Philippe Bonnecarrère, je rappelle que le rôle de l'euro en tant que monnaie internationale n'est pas une affaire strictement économique, mais avant tout une affaire politique. Aujourd'hui, le dollar domine, car les États-Unis sont la première puissance mondiale. Quand on aura une Europe-puissance, on aura une monnaie puissante.
La question de la consolidation bancaire en Europe s'inscrit dans le cadre du débat sur l'Union bancaire. Cette Union repose sur trois piliers : un premier pilier, la supervision bancaire, et un deuxième pilier, la résolution, qui sont presque achevés, ainsi qu'un troisième pilier, la garantie des dépôts, qui est au point mort en raison du blocage allemand. La BCE pousse à la consolidation bancaire pour parachever ce deuxième pilier, mais le mouvement reste essentiellement national, chaque pays restant jaloux de ses prérogatives.
L'impact de la stabilisation du QE dépend du niveau des taux. Une remontée prudente des taux ferait pression sur la dette souveraine sans altérer toutefois la capacité de la France à acheter sa dette dans de bonnes conditions ; une remontée plus rapide redonnerait de l'appétit au secteur bancaire, qui cherchera à placer ses liquidités, ce qui aura de fait un effet contracyclique.
Olivier Henno pose la seule vraie question : pourquoi les banques choisissent-elles aujourd'hui de replacer leur argent à la BCE ? Pourquoi préfèrent-elles emprunter à taux négatif plutôt que d'investir ? Cela signifie que les projets actuels ne sont pas suffisamment stimulants et innovants pour que ces liquidités y trouvent un exutoire.