Intervention de Maurice Gourdault-Montagne

Commission de la culture, de l'éducation et de la communication — Réunion du 20 février 2019 à 9h15
Audiovisuel extérieur — Audition de M. Maurice Gourdault-montagne secrétaire général du ministère de l'europe et des affaires étrangères

Maurice Gourdault-Montagne, secrétaire général du ministère de l'Europe et des Affaires étrangères :

Vos questions reflètent largement celles que nous nous posons dans le cadre du groupe de travail.

Vous avez évoqué la question de la tutelle, monsieur Laugier. Comme pour toute instance publique, l'influence de Bercy est incontestable. Elle est au demeurant normale puisque nous sommes financés par l'argent du contribuable. Pour le reste, vous savez que France Médias Monde est placé sous la double tutelle du ministère de la culture et du ministère de l'Europe et des Affaires étrangères. C'est la conséquence de l'accord qui avait été passé au moment de la constitution de l'Institut français : il avait alors été convenu que, en contrepartie d'une présence du ministère de la Culture au conseil d'administration de l'Institut, le ministère de l'Europe et des Affaires étrangères ferait partie du conseil d'administration de France Médias Monde. Je trouverais opportun que dans le cadre de la prochaine réforme de l'audiovisuel public, la présence du ministère de l'Europe et des Affaires étrangères soit maintenue pour profiter de la vision stratégique et de l'expertise qu'il nous apporte en matière de relations internationales.

L'AFP est un outil essentiel de notre diplomatie d'influence car nous sommes l'un des rares pays à posséder une agence de presse de cette envergure. C'est un point sur lequel nous travaillons avec Olivier Courson dans le cadre de la mission qui lui a été confiée. Il y a plusieurs pistes à creuser avec l'AFP : la fourniture d'expertise aux entreprises de presse et de coopération médias avec CFI comme vecteur et la possible coopération de cette agence avec France 24 en Amérique Latine.

Comme l'a souligné Mme Dumas, la mesure de l'audience n'est pas toujours évidente. Nous disposons cependant d'un certain nombre d'éléments chiffrés, qui nous conduisent à affirmer que nous atteignons à peu près 150 millions d'auditeurs. France Médias Monde a 42,7 millions d'utilisateurs numériques. Nous évaluons le nombre de téléspectateurs hebdomadaires de France 24 à 61 millions, sachant que nous connaissons la mesure de l'audience dans 67 pays et que cette chaîne est diffusée dans 183 pays. RFI a 40,7 millions d'auditeurs dans 37 pays. Monte-Carlo Doualiya a 5,5 millions d'auditeurs. Nous savons que notre audience progresse non seulement de manière constante, mais également dans des proportions considérables, preuve qu'il existe une demande de France et de pensée française de par le monde. C'est la raison pour laquelle nous voulons faire mieux et plus.

Monsieur Gattolin, vous avez parlé de la ligne éditoriale de l'audiovisuel extérieur. Nous ne tenons pas la plume des journalistes. Par ailleurs, si nous faisions de l'opposition systématique aux pouvoirs en place, nous perdrions probablement nos droits de diffusion. Nous pensons que l'essentiel est d'être présent, de donner à entendre du français, bref de disposer d'un média français qui diffuse plus ou moins la pensée et la vision françaises, même si je reconnais que ce n'est pas toujours parfait. Sans cela, il est évident que la place sera récupérée par d'autres médias, qui ne diffuseront rien, ni de notre pensée, ni de notre vision.

Parler d'un rapprochement de France Médias Monde avec l'AFD est sans doute un peu abusif. Vous m'interrogez à juste titre sur ce point, madame Robert. Il est vrai que l'AFD est doté de très gros moyens pour permettre la montée en puissance de l'aide publique au développement à 0,55 % du revenu national brut d'ici 2022. Elle se situe à 0,38 %, ce qui montre l'ampleur du rattrapage à effectuer. Pour autant, seules les actions qui entrent dans le cadre des critères définis par le CICID pourront bénéficier de cette manne financière. Ce serait une erreur de penser que l'APD peut être le remède aux difficultés budgétaires de France Médias Monde. Le Président de la République a clairement indiqué qu'il ne souhaitait pas d'effets de bord. Ce n'est pas le métier de l'AFD de faire de la diffusion audiovisuelle, même s'il peut y avoir des recoupements sur un certain nombre de sujets.

Vous avez raison, madame Darcos, de vanter la qualité des programmes de France Télévisions. Parmi les pistes que Mme Saragosse explore, il y a la possibilité de rapprocher les rédactions et les équipes qui produisent ce type de programmes.

Mme Blondin souligne à juste titre l'intérêt pour la France dans les Balkans. La demande de France y est d'autant plus forte qu'il y a dans cette région un véritable besoin de diversifier les sources de culture. Je note avec intérêt votre proposition de programmes pour la jeunesse plus ciblés.

Le traité d'Aix-La-Chapelle, au sujet duquel M. Lafon m'interroge, nous offre des possibilités de coopérations renforcées en matière audiovisuelle, avec davantage de coproductions entre ARD, ZDF et la télévision française, la possibilité d'étendre la plateforme VOD Arte Europe, ou encore l'échange d'informations entre France Médias Monde et Deutsche Welle. Nous avons été sollicités concernant la Turquie, Peter Limbourg étant demandeur d'un travail commun avec France Médias Monde.

Je vous remercie, M. Ouzoulias, d'avoir fait référence à l'universalité de la pensée française. Je suis convaincu que le monde est aujourd'hui en quête de souffle et que la pensée française peut contribuer à réconcilier le genre humain. Le besoin de France est présent partout dans le monde. Notre regard est recherché. Nous sommes particulièrement attendus pour aider à former la jeunesse. Je me félicite que votre commission de la culture en ait conscience.

En réponse à la question de Mme Morin-Desailly sur Monte-Carlo Doualiya, il est indispensable que nous disposions au préalable d'une bonne cartographie des stations FM que nous souhaitons conserver et de celles que nous pouvons supprimer en fonction de la couverture numérique car toute perte d'une station FM sera définitive. Nous ne sommes pas arrivés aujourd'hui au bout de notre réflexion sur cette question et n'avons pris aucune décision.

Faut-il parler d'Europe orientale et occidentale ? Il n'y a qu'une seule Europe, même s'il faut reconnaître que nous avons connu des histoires différentes. C'est pourquoi nous devons adapter nos moyens à ces zones et ne pas perdre de vue l'Europe orientale, qui fait partie de la famille européenne. Vous aurez noté le déploiement de la diplomatie française avant les élections européennes dans ces pays, qui doit être appuyé par des moyens audiovisuels.

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