Monsieur le président Requier, complexes, passionnées, anciennes, c’est effectivement ainsi que l’on peut qualifier les relations entre la France et l’Algérie, parce que notre histoire est, à bien des égards, une histoire commune, parce qu’elle a connu des moments de lumière et des moments d’ombre, parce que l’Algérie, située juste de l’autre côté de la Méditerranée, est notre voisine, qu’elle est un État ami, souverain et clé pour la région. Pour toutes ces raisons, nous suivons avec beaucoup d’attention les événements qui s’y déroulent actuellement.
Je veux le dire, même si personne n’a de doute sur le sujet, l’Algérie est un État souverain, et nous respectons totalement cette souveraineté. Les évolutions récentes de la situation nous recommandent, nous imposent de rappeler sans cesse, avec force et clarté, cette évidence.
Où en sommes-nous au lendemain des annonces du Président Bouteflika ?
Le Président Bouteflika a fait savoir hier, dans son message à la nation, qu’il renonçait à se présenter à l’élection présidentielle initialement prévue le 18 avril. Il a proposé les jalons d’une rénovation du système politique algérien, avec un remaniement ministériel, qui s’est traduit par la nomination d’un nouveau Premier ministre et d’un vice-Premier ministre, l’organisation d’une conférence nationale, dont les travaux doivent se conclure d’ici à la fin de l’année et devraient déboucher sur l’adoption, par référendum, d’une nouvelle Constitution, et enfin – après tout cela – la tenue de l’élection présidentielle à laquelle lui-même ne serait pas candidat.
Nous avons salué ces derniers développements.
Ces annonces interviennent à l’issue de plusieurs semaines de manifestations à travers tout le pays, qui ont vu des millions d’Algériens et d’Algériennes exprimer, dans le calme, dans la dignité, leurs aspirations. Nous notons aussi que ce civisme des manifestants s’est accompagné d’une grande retenue des forces de l’ordre, lesquelles ont été exemplaires. Nous souhaitons que cet esprit de responsabilité, relevé par l’ensemble de la communauté internationale, puisse perdurer afin que se mettent en place les conditions d’une solution démocratique.
Ce qui doit maintenant s’engager, c’est une dynamique à même de répondre aux aspirations profondes du peuple algérien, avec, surtout, l’élaboration d’un calendrier politique de transition raisonnable, l’affichage et le respect de ce calendrier étant une condition essentielle à la crédibilité de l’ensemble du processus. Tel est le vœu que nous formons, nous qui souhaitons une Algérie stable, prospère et unie. Mais cela relève avant tout de la responsabilité des Algériens eux-mêmes, nous le disons en toute amitié et avec toute l’attention que nous portons à la situation actuelle.