La grande erreur du XXe siècle, c'est le low cost en matière d'alimentation. Quand j'étais jeune, les pauvres étaient maigres ; maintenant, ils sont gros. C'est la malbouffe ! C'est le résultat du productivisme, qui bénéficie de 8 milliards d'euros de subventions européennes, quand l'agriculture bio reçoit 145 millions d'euros. C'est inacceptable que l'État cautionne ce système.
Je travaille beaucoup avec Thierry Marx, deux fois meilleur chef du monde, qui a un discours très social autour de l'alimentation. Il est passionnant.
Est-il décent de se déchirer au centime près sur le litre de lait ?
Il y cinquante ans, la moitié du panier de courses était constituée de nourriture ; aujourd'hui c'est 15 %. Il y a clairement un travail d'éducation à mener. Je suis désespéré de voir que des jeunes sont capables de dormir deux nuits devant la FNAC pour le dernier smartphone, mais qu'ils ne font pas attention à ce qu'ils mangent. Il faut aussi reprendre le modèle agricole collectivement. Il n'y a pas que le bio ; il y a aussi la biodynamie, la permaculture.
L'agro-écologie peut avoir les rendements suffisants pour nourrir tout le monde sans pesticides. Cessons d'empoisonner les sols pour aussi peu de résultats. Quand on pense que l'on a empoisonné des populations outre-mer avec le chlordécone pour quelques centimes de plus la tonne de bananes... De toute façon, c'est le consommateur qui tranchera un jour en n'achetant plus ces produits. On aurait dû travailler depuis longtemps sur ces questions.
Vous nous interrogez sur l'urbanisme. Avec l'artificialisation, on a imperméabilisé nos sols. Il n'a jamais aussi peu plu et, pourtant, il n'y a jamais eu autant d'inondations.
S'agissant de la démographie, on ne peut pas faire grand-chose, si ce n'est, comme l'a dit M. Macron, de remettre les petites filles à l'école. Avec la politique de l'enfant unique, la Chine a empêché la naissance d'un demi-milliard d'enfants. On serait donc à 8,3 milliards au lieu d'approcher les 8 milliards. Tout le monde sait que l'on va vers une asymptote, avec une stabilisation autour de 10 milliards.
Dans ce cadre, la France, avec son climat et la qualité de son sol, a un rôle agricole essentiel à jouer, si elle sait prendre les bonnes décisions.
Pour conclure sur la démographie, il faut remettre les femmes à leur juste place. C'est une question de civilisation essentielle.
Sur l'aspect économique, j'ai récemment participé aux assises du transport aérien. Ce secteur veut devenir vertueux tout en doublant le trafic d'ici à 2030 ! C'est lié au souhait de développer encore le tourisme de masse, qui est moteur de développement dans des pays en voie de développement. Comment faire ? Il y a des choix politiques déterminants à faire en la matière.