Intervention de Isabelle Autissier

Commission de l'aménagement du territoire et du développement durable — Réunion du 13 mars 2019 à 10h00
Audition conjointe de Mme Isabelle Autissier présidente de wwf-france et de M. Gilles Boeuf président du conseil scientifique de l'agence française pour la biodiversité

Isabelle Autissier, présidente de WWF-France :

Sur la démographie, je souscris entièrement à vos propos. Une femme ne fait pas huit enfants par choix. Il faut redonner aux femmes la maîtrise de leur corps. Nous devons d'ores et déjà nous organiser pour gérer 11 milliards d'humains demain.

Concernant la pollution des océans, qui me touche tout particulièrement, il faut savoir qu'il est déversé une benne de plastique par minute dans la mer. On ne peut pas continuer dans cette voie. Sur 400 millions de tonnes de plastique produit par an, il y a 100 millions de tonnes qui vont dans la nature, dont 10 millions de tonnes dans les océans.

Les projets actuels de nettoyage, c'est de la foutaise. La question, c'est la production au départ. Le meilleur plastique, c'est celui que vous n'utilisez pas. Il faut donc que le législateur prenne le problème à bras-le-corps en taxant les gros producteurs.

S'agissant de l'éducation, je me demande pourquoi l'ENA ou les grandes écoles de commerce ne font pas ou peu de biologie ou d'écologie. Cela devrait être incontournable. Cette année, le WWF a conclu un partenariat avec l'École de guerre, car les prochains conflits auront une cause environnementale et les militaires ont intégré cette dimension. Pourquoi pas nos managers ?

Selon moi, deux décisions urgentes s'imposent. Il faut d'abord mettre un frein à l'artificialisation des sols. Arrêtons de détruire les milieux, et on ne détruira plus les espèces. Par ailleurs, il faut conclure un nouveau pacte agricole permettant aux agriculteurs de sortir de ce modèle, dans lequel on les a enfermés, et qui, de toute façon, ne réussira pas. C'est une honte que les agriculteurs aient un revenu si bas et soient poussés au suicide, car ils sont accusés d'être les responsables du désastre écologique. Redonnons-leur leur fierté en profitant de la négociation de la nouvelle politique agricole commune (PAC).

Comme l'a dit M. Jacquin, il faut reconnecter les citoyens avec leur agriculture et les cycles de la nature. Je partage votre point de vue sur l'agriculture urbaine : ce n'est pas elle qui nourrit la France, mais elle crée du lien social et contribue à l'éducation de nos enfants. Mais si la société souffre de déconnexion avec la nature, cela veut aussi dire qu'il faut repenser la ville.

Vous avez abordé la question de la résilience. La nature est quand même sacrément bonne fille. Je le vois avec les aires marines protégées. C'est fascinant de voir comment la mer est capable de se reconstruire à certains égards. Il y a, malgré tout, des écroulements que l'on n'est pas capable de réparer.

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