Le système européen de surveillance financière progresse à pas lents et comptés. Mme Loiseau a indiqué au Sénat, lors de sa dernière intervention, tout ce qu'il restait à faire et a constaté que la France était bien seule pour demander que ces mesures soient mises en oeuvre. Tout le monde trouve toujours une bonne raison pour ne pas avancer, alors même que le risque systémique est bien réel. Cette surveillance financière continuera à s'inscrire dans un cadre intergouvernemental. C'est regrettable.
Je m'inquiète aussi de l'attitude de la Banque centrale européenne (BCE) qui prête des liquidités, avec une grande prodigalité, à taux zéro. D'après son dernier communiqué, elle indique ne pas compter augmenter ses taux directeurs aussi longtemps que cela sera nécessaire, c'est-à-dire sans doute pas avant la fin de l'année au plus tôt. Elle s'apprête aussi à lancer une troisième vague d'opérations de refinancement à plus long terme ciblées (targeted longer-term refinancing operations, ou TLTRO). La deuxième vague avait bénéficié à 55 % aux banques espagnoles et italiennes, preuve de leur fragilité. Tout cela se fait en dehors de tout contrôle politique, conformément à la volonté allemande, lors de la signature des traités, de garantir l'indépendance totale de la BCE. Je crains que nous ne nous acheminions vers de sérieuses difficultés. Les États, comme la BCE, ont l'idée que chacun ne doit s'occuper que de ses affaires, sans vue d'ensemble, et sans prendre en compte les risques systémiques qui existent car nous ne sommes pas à l'abri d'une nouvelle crise financière venue d'outre-Atlantique. Je soutiens l'avis politique et regrette la timidité des avancées dans un système qui reste, à l'évidence, fragile.