Intervention de André Reichardt

Réunion du 2 avril 2019 à 14h30
Débat à la suite de la réunion du conseil européen des 21 et 22 mars 2019

Photo de André ReichardtAndré Reichardt :

Monsieur le président, madame la secrétaire d’État, M. Jean Bizet, président de la commission des affaires européennes, m’a fait l’honneur de me confier le soin d’introduire, au nom de la commission, ce débat consécutif au Conseil européen des 21 et 22 mars dernier et de vous souhaiter, madame la secrétaire d’État, le plus grand succès dans vos nouvelles fonctions.

À une semaine de la date annoncée du retrait du Royaume-Uni de l’Union européenne, ce Conseil européen a consacré plus de temps que prévu à ce sujet majeur. Mais, c’est heureux, le Brexit n’a pas entièrement occulté les autres questions stratégiques à l’ordre du jour : l’approche européenne face à la Chine et la situation économique de l’Union.

Concernant le Brexit, la demande de son report est arrivée très tard. Saisi la veille par Mme May d’une demande d’extension de l’article 50 jusqu’au 30 juin, le Conseil européen a réagi vite et bien : la solution retenue, qui concède une extension jusqu’au 22 mai en cas d’approbation de l’accord de retrait par la Chambre des communes, et seulement jusqu’au 12 avril dans le cas contraire, est dans l’intérêt de l’Union européenne.

Ce séquençage protège en effet le scrutin européen, ouvert du 23 au 26 mai, des risques juridiques inhérents à sa tenue au Royaume-Uni, obligatoire tant que ce pays reste membre de l’Union. En outre, cette dernière ne prend pas la responsabilité du choix de l’issue, mais la renvoie très opportunément au Royaume-Uni : celui-ci est tenu de se positionner avant le 12 avril, car, au-delà, il ne serait plus en mesure d’organiser les élections européennes.

Ce dispositif, d’inspiration française dit-on, apparaît bien conçu, même si la situation reste confuse à ce jour, avec le troisième refus de l’accord de retrait, intervenu vendredi dernier au Parlement britannique.

Deuxième motif de satisfaction : le front uni que le Conseil européen a affiché face à la Chine, à l’approche du sommet Union européenne-Chine prévu dans une semaine.

Les Vingt-Huit semblent prendre progressivement conscience de la nécessité de s’accorder sur la ligne à tenir face à la Chine, à la fois partenaire, concurrent économique et rival systémique.

Le Conseil européen a notamment fait valoir la nécessité de parvenir à un accord sur l’instrument garantissant une réciprocité dans l’accès aux marchés publics : finissons-en avec la naïveté de l’Union européenne, laquelle ouvre ses marchés à des États qui verrouillent les leurs !

Le Président de la République a tenu à conforter l’image d’une Europe unie face à la Chine, en invitant à ses côtés le Président Juncker et la Chancelière Mme Merkel à Paris, où était reçu le Président chinois mardi dernier.

Après les accrocs franco-allemands par voie de presse, cette démarche nous a paru salutaire, mais l’unité est fragile. La récente signature d’un mémorandum d’entente entre la Chine et l’Italie sur les nouvelles routes de la soie en est la preuve.

La crainte exprimée par plusieurs États membres de se priver du bénéfice des investissements chinois en est une autre. Le prochain sommet en format « 16+1 », entre la Chine et les pays d’Europe centrale et orientale, risquait d’en apporter une troisième preuve ; il a donc été convenu de se conformer aux décisions issues du sommet Union européenne-Chine, qui se tiendra juste avant.

Il y a là sans nul doute un progrès, mais la vigilance reste de mise. À cet égard, l’approche européenne concertée pour assurer la sécurité des réseaux 5G sera un prochain test.

Dernier sujet traité par le Conseil européen : la situation économique de l’Union européenne.

Le Conseil européen a conclu à la nécessité d’asseoir le rôle de l’Europe sur la scène économique mondiale par cinq leviers : l’Union économique et monétaire, le marché unique, la politique industrielle, la politique numérique et la politique commerciale. En outre, le numérique et l’intelligence artificielle sont reconnus comme des priorités.

Cette approche intégrée préfigure une stratégie qui pourrait enfin transformer l’Union en puissance. C’est notre principal motif de satisfaction après ce Conseil européen, qui n’aura finalement pas été seulement celui du Brexit.

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