Madame la secrétaire d’État, je me joins au concert de félicitations au sujet de votre nomination, en souhaitant que nous puissions travailler ensemble pour le bien de l’Europe.
Monsieur le président, mes chers collègues, le dernier Conseil européen s’est situé, beaucoup l’ont dit, dans le contexte du Brexit et des différents votes de la Chambre des communes. Ces votes, qui ont toujours recueilli la majorité, ont un point commun : refuser l’accord avec l’Union européenne et rejeter, dans le même temps, toute autre solution.
Le Conseil européen exceptionnel du 10 avril prochain sera déterminant pour la suite, mais quelle tristesse ! Rappelons que les conséquences d’un Brexit dur ou d’un Brexit mou ne seront bonnes pour personne, pas plus pour l’Union européenne que pour le Royaume-Uni.
Le Conseil des 21 et 22 mars a aussi été l’occasion d’aborder largement la croissance, l’emploi et la compétitivité. Approfondir l’Union économique et monétaire, mettre en œuvre une politique industrielle volontariste, développer l’économie numérique ou encore se doter enfin d’une politique commerciale ambitieuse et protectrice : tels sont, avec les relations extérieures et le changement climatique, les principaux points qui ont été évoqués.
Au-delà de ce qui peut apparaître comme un catalogue de bonnes intentions, on doit se féliciter du retour à une politique active et volontariste. L’Europe doit effectivement tracer des perspectives de développement, tout en assurant un haut niveau de protection.
La Chine et les États-Unis sont, certes, des partenaires économiques de première importance, mais nous devons protéger nos entreprises de la concurrence déloyale de ces pays et leur permettre de se développer dans une économie désormais mondialisée.
De ce point de vue, le Conseil européen des 20 et 21 juin prochain jouera un rôle majeur. Je me permets d’en parler aujourd’hui un peu en avance puisque, compte tenu des nouvelles règles, nous ne pourrons plus aborder ces questions avant cette échéance, tout comme je signale à mon tour le Conseil exceptionnel du 9 mai à Sibiu. On sortira alors des bonnes intentions pour entrer dans le concret, notamment avec des discussions concernant les perspectives budgétaires pour la période 2021-2027.
Un nouveau Parlement européen aura été élu, et il sera temps d’avancer enfin sur l’avenir de l’Union pour les prochaines années : budget, politique agricole commune – PAC –, fonds de cohésion, Schengen, zone euro. S’agissant de la PAC, madame la secrétaire d’État, le Gouvernement assure qu’il fait tout pour maintenir son niveau au profit de notre pays. L’ancienne ministre, désormais candidate, a indiqué que la baisse pourrait être de 15 %, tandis que le ministre de l’agriculture parle, lui, d’au moins 5 %, mais il est dans son rôle. Peut-être pourriez-vous nous donner votre point de vue sur ce dossier majeur ?
Il est un autre dossier majeur sur lequel je voudrais insister tout particulièrement, mes chers collègues. On en parle peu, mais il devrait nous inquiéter : il s’agit de l’avenir de la politique de cohésion.
Cette politique est un marqueur fondamental pour l’Europe, car elle permet de réduire les écarts de richesse entre les pays de l’Union européenne, ainsi qu’entre les différents territoires au sein de ces pays. Or le flou le plus total règne sur le budget qui sera alloué dans le cadre financier pluriannuel ; et vous le savez, quand c’est flou, c’est qu’il y a un loup et qu’un mauvais coup se prépare !
Mme Loiseau, désormais candidate aux élections européennes, vient de déclarer qu’elle ne voulait plus que l’argent de l’Europe serve, à l’avenir, à construire des autoroutes en Slovaquie. C’est un peu désobligeant pour ce pays, mais c’est surtout inquiétant pour le nôtre. Nous voulons en effet, et je pense que nous serons tous d’accord dans cette assemblée, que l’argent de l’Europe continue de servir à construire des routes et à les aménager en France.