Madame la secrétaire d’État, avant tout, je vous félicite pour votre nomination et je vous souhaite la bienvenue dans notre hémicycle !
Monsieur le président, mes chers collègues, je tiens à évoquer à mon tour les intérêts stratégiques de l’Union européenne, qu’il convient de protéger. Je pense en particulier à ses intérêts maritimes, parce que les secteurs du transport maritime, des ports européens, de l’industrie nautique et des énergies marines renouvelables sont des gisements d’emplois considérables, vecteurs de croissance et de compétitivité.
Comme l’indique le Président du Conseil européen, il est urgent de repenser les politiques commerciale et industrielle de l’Union pour faire face aux défis de long terme qui sont devant nous : dès lors, parions sur une stratégie maritime européenne intégrée !
En 2014, dans les sphères européennes, on parlait aussi d’une politique industrielle à l’ère de la mondialisation. La mondialisation des échanges passe aujourd’hui par les océans. Il s’agit donc d’une question éminemment européenne.
Le 22 mars dernier, l’Union européenne a souligné : « Une base économique solide est d’une importance primordiale pour la prospérité et la compétitivité de l’Europe, ainsi que pour son rôle sur la scène mondiale. Cela appelle une approche intégrée tenant compte des défis actuels et émergents à l’échelle mondiale. » Au-delà des concepts, prenons le large : le volet maritime, s’il reste insuffisamment pris en compte, est au cœur des défis économiques de l’Union européenne. La Chine, devenue une puissance maritime de premier plan, l’a bien compris en prenant position dans divers ports mondiaux d’intérêt stratégique.
Une politique industrielle volontariste repose aussi sur la maîtrise des espaces maritimes, avec le concours d’une marine océanique de premier plan.
Comme les précédents orateurs l’ont rappelé, l’Italie est le premier pays du G7 à entrer dans le projet des nouvelles routes de la soie. Un accord a été signé avec le Président chinois le 23 mars dernier. Les programmes d’investissements prévoient la modernisation des ports de Gênes et de Trieste, qui deviendront les points d’entrée en Europe des routes commerciales maritimes.
La France veut une nouvelle stratégie nationale portuaire : c’est utile, mais bien insuffisant si nous ne disposons pas d’une stratégie européenne portuaire commune à tous les États membres.
Le document stratégique relatif aux orientations que la France souhaite donner aux politiques de l’Union européenne dans le domaine de la politique maritime au cours des cinq prochaines années doit être ambitieux. J’espère qu’il sera assorti d’un calendrier précis, avec des objectifs concrets.
Un autre exemple est particulièrement éloquent à l’heure du Brexit. Il a, lui aussi, été longuement évoqué dans cet hémicycle. Une agence britannique et une entreprise chinoise ont ouvert en Chine, le 21 mars dernier, un centre de recherches pour l’éolien en mer. Aujourd’hui, le Royaume-Uni est le numéro 1 mondial de l’éolien offshore. Il entend ainsi renforcer sa position. Certes, cela nous fait réfléchir, mais le temps est à l’action pour développer sur nos côtes les énergies maritimes renouvelables, afin de combler notre retard.
L’armateur français CMA CGM et Ikea vont tester l’emploi de biocarburants sur un trajet au départ de Rotterdam de l’un des porte-conteneurs du groupe marseillais. C’est une initiative intéressante pour remplacer le fioul lourd. À l’heure où le fioul du navire Grande America souille l’océan Atlantique à proximité du littoral, avec une nappe d’hydrocarbures se déplaçant vers l’Espagne, il faut rappeler à l’Union européenne le rôle qu’elle doit jouer en matière de sécurité maritime, notamment depuis la création de l’espace européen de sécurité maritime, contenu dans le paquet « Erika III ».
La création de l’Agence européenne pour la sécurité maritime, en 2002, a été utile. Mais nous devons améliorer les dispositifs et le processus d’indemnisation. Le comité interministériel de la mer de 2018 indique l’importance des échanges de données entre secteurs du maritime et entre États membres de l’Union européenne.
À la fin de 2019, la Commission doit présenter une vision à long terme pour l’avenir industriel de l’Union européenne, assortie de mesures concrètes destinées à la mettre en œuvre. Rappelons-lui que rien d’efficace ne se fera sans ambition maritime associée.
En 1629, Richelieu écrivait dans son avis au roi : « La première chose qu’il faut faire est de se rendre puissant sur la mer, qui donne entrée à tous les États du monde. » Le XXIe siècle sera maritime. L’Europe et la France doivent y prendre toute leur place : la tâche est donc immense !