Intervention de Amélie de Montchalin

Réunion du 2 avril 2019 à 14h30
Débat à la suite de la réunion du conseil européen des 21 et 22 mars 2019

Amélie de Montchalin :

Monsieur Courtial, je vous rassure, j’ai bien des objectifs : ce sont ceux qu’a fixés le Président de la République, et ils sont nombreux !

Mesdames, messieurs les sénateurs, je vous remercie toutes et tous de votre accueil, très républicain et chaleureux. Je répondrai successivement à vos différentes interventions.

Monsieur le président Cambon, en matière de défense, il y a au moins un point positif : le fonds européen de défense, qui sera doté de 4 milliards d’euros pour la recherche et de 9 milliards d’euros pour le développement et les acquisitions de matériel entre 2021 et 2027. Il s’agit là d’un grand succès du Président de la République, car c’est une initiative qu’il a défendue.

Monsieur le rapporteur général de la commission des finances, en matière de fiscalité, on ne peut pas dire que rien n’a été fait : des progrès indéniables ont été accomplis face à la fraude fiscale ; en faveur de la coordination, à l’échelle de l’OCDE, au titre des accords dits « BEPS » ; et, plus largement, pour ce qui concerne la liste des juridictions non coopératives. Dans ces domaines, l’Union européenne a fait de vrais progrès.

En outre, au sujet de la TVA, la directive relative aux droits voisins apporte une simplification entre le numérique et le papier. À mon sens, il s’agit également d’un véritable progrès.

Bien sûr, ces mesures ne vont pas encore assez loin. Vous le savez, le Président de la République soutient la proposition présentée en janvier dernier par la Commission européenne. Il s’agit d’instituer une majorité qualifiée afin de pouvoir avancer sur les sujets fiscaux. À ce titre, vous avez l’entier soutien du Gouvernement ! Vous savez que, sur tous ces sujets, il faut être nombreux : chaque jour, nous nous efforçons de construire cette majorité.

Face aux enjeux numériques, 23 des 27 pays européens ont désormais adopté la position française : l’OCDE dispose ainsi d’une véritable perspective d’accord politique. Bruno Le Maire présentera bientôt à l’Assemblée nationale le projet de loi portant création d’une taxe sur les services numériques. Grâce à un amendement présenté par la majorité, on pourra regarder comment sécuriser dès maintenant les acteurs économiques : si un accord est trouvé à l’OCDE, il remplacera bien la taxe temporaire présentée par Bruno Le Maire.

Monsieur Reichardt, dans les relations avec la Chine, nous avons également accompli des avancées indéniables, qu’il s’agisse d’Airbus, du secteur agroalimentaire ou encore du domaine culturel. Une position très forte a été prise en faveur d’un multilatéralisme effectif, que ce soit pour préparer le G20 ou le sommet sur le climat. L’Europe, la France et la Chine ont pu avancer de manière positive.

Monsieur Bonnecarrère, vous m’avez interrogée au sujet de l’impact budgétaire du Brexit. Son montant consolidé est estimé annuellement entre 28 et 37 milliards d’euros jusqu’en 2020. La France devra donc augmenter sa contribution de 1, 8 milliard d’euros en 2019 et en 2020. Nous devons avoir ces chiffres en tête : il ne s’agit pas d’apeurer les Français, mais il faut être extrêmement clair.

Vous l’avez rappelé, le Brexit a beaucoup occupé l’agenda européen. Je m’en suis précisément entretenue ce matin avec mon homologue allemand Michael Roth : nous le savons, il faut tenir compte des immenses priorités pour l’Europe. Le Président de la République les a d’ailleurs rappelées dans les quarante-neuf propositions de sa lettre aux citoyens d’Europe. La cybersécurité, la défense, les frontières, le droit de la concurrence, le droit de l’innovation, le climat, ou encore le bouclier social : nous tous ici, moi la première, aimerions pouvoir faire avancer concrètement chacun de ces projets.

Madame Mélot, vous avez souligné combien il importait de protéger le débat démocratique, au vu des échéances qui arrivent. Le Conseil européen a réuni une série de propositions au sujet du droit des plateformes numériques. En outre, l’Assemblée nationale examinera bientôt la proposition de loi visant à lutter contre la cyber-haine. Ce texte permettra le retrait des contenus offensants, appelant à la violence, propageant des propos racistes ou discriminatoires. Les deux assemblées ont également voté la loi anti-fake news : ce texte contient des dispositions extrêmement intéressantes, qui peuvent guider une partie de l’action européenne – vous avez vu la mobilisation collective à laquelle ce sujet a donné lieu.

Monsieur Haut, vous évoquez les débats relatifs à Huawei. La France estime que l’approche concertée de la Commission sur la protection des réseaux est une bonne initiative, positive. Mais, comme toujours en pareil cas, tout est affaire de mise en œuvre.

Une proposition de loi, reprenant une suggestion formulée par le Sénat au cours de l’examen du projet de loi relatif à la croissance et la transformation des entreprises, ou projet de loi Pacte, sera prochainement discutée : elle permettra de s’assurer que les matériels déployés sur notre territoire, notamment au titre de la 5G, répondent à un certain nombre de critères de protection de notre sécurité nationale. Il faudra voir comment l’initiative européenne pourra s’articuler avec cette proposition de loi.

Monsieur Ouzoulias, à ma connaissance, il n’a jamais été question de pénaliser les Britanniques au motif qu’ils ont voulu quitter l’Union européenne.

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