Monsieur le sénateur, vous avez raison de mentionner l’hétérogénéité réglementaire. Notre marché unique n’est, de ce fait, pas complètement intégré et, alors que les Chinois et les Américains profitent d’un marché domestique très fort qui sert de base arrière à leur développement, l’Europe a encore un marché atomisé et éclaté et ne bénéficie pas aussi facilement d’un tel avantage.
Vous avez également mentionné les achats qui ont probablement fait bouger les positions allemandes sur l’ordo-libéralisme, notamment Kuka, une société de robotique extrêmement technologique qui a été rachetée par une entreprise chinoise. Des événements de ce genre se sont aussi produits en Finlande ou en Suède et font probablement bouger les lignes dans les pays européens.
C’est pour cela que je mentionnais mon déplacement à Hanovre, où j’ai été surprise de l’évolution du discours des autres pays européens. Nous sommes vus comme un pays plutôt interventionniste dans l’économie, alors que les autres pays se vivent plutôt comme libéraux, même si ce n’est pas aussi simple en pratique. En tout état de cause, il y a une vraie demande des autres pays européens pour mettre en place une forme de protection de notre industrie – et non de protectionnisme, c’est le vocabulaire qui est employé – en particulier à l’égard des pays qui ne jouent pas le jeu.
De ce point de vue, le fait que le Président de la République ait demandé à Mme Merkel d’être présente pour parler de politique commerciale avec la Chine a été extrêmement apprécié par l’ensemble des dirigeants.
S’agissant de la concurrence, effectivement, il faut adapter les textes, mais il n’est pas interdit de commencer par les interpréter correctement ! La notion de marché pertinent, par exemple, est fondée sur une jurisprudence et sur des habitudes et non sur les seuls textes réglementaires, il est donc possible également de bouger sur la base des textes existants.