Intervention de Cécile Cukierman

Réunion du 9 avril 2019 à 9h30
Questions orales — Inscription de la verrerie de givors sur la liste des sites amiantés

Photo de Cécile CukiermanCécile Cukierman :

Monsieur le secrétaire d’État, je débuterai mon intervention par un chiffre : 92 cas de cancers détectés parmi les 208 anciens verriers de Givors interrogés. Si cela ne suffisait pas à vous convaincre, j’ajouterais celui des maladies diverses contractées en rapport avec l’exposition des salariés aux matières toxiques utilisées par la verrerie de Givors, soit 82 !

C’est énorme. Pourtant, seize ans après la fermeture de cette verrerie, les salariés sont toujours en attente d’un reclassement du site en zone amiantée… Ce reclassement permettrait à ces femmes et à ces hommes d’obtenir un certificat d’exposition, de bénéficier d’un suivi post-professionnel et, le cas échéant, de voir reconnaître leurs pathologies comme des maladies professionnelles, accompagnées d’une indemnisation du préjudice d’anxiété pour les expositions diverses.

À l’heure actuelle, l’absence de certificat d’exposition aux agents chimiques cancérogènes, mutagènes ou reprotoxiques, dits CMR, constitue une entrave à leurs démarches de demande de suivi et de reconnaissance en maladies professionnelles auprès de la Caisse primaire d’assurance maladie, la CPAM.

Monsieur le secrétaire d’État, sur les 645 anciens verriers membres de l’association des victimes, 211 sont décédés et 73 sont aujourd’hui malades. L’âge moyen des décès est de 70, 5 ans, soit neuf ans de moins que la moyenne des hommes en France. Douze maladies professionnelles ont été reconnues, mettant en cause l’exposition au benzène, à l’arsenic, à la silice, à l’amiante, aux huiles minérales, aux hydrocarbures et aux solvants.

Plus que ce constat chiffré, je déplore le véritable parcours du combattant de ces victimes, souvent seules face à leurs maladies, à qui l’on veut faire croire qu’elles sont les seules responsables en accusant leur hygiène de vie, leurs radios des poumons ayant d’ailleurs étrangement disparu des dossiers médicaux. Au-delà de la question humaine, c’est d’une question de justice sociale et de rétablissement des responsabilités qu’il s’agit.

Dans cette perspective et compte tenu de ces éléments, quand le Gouvernement compte-t-il prendre des dispositions afin de reclasser cette zone mortifère en site amianté ? Ce reclassement, s’il n’a pas le pouvoir de soigner, aurait au moins le mérite d’apaiser la souffrance des victimes et de leurs familles.

Aucun commentaire n'a encore été formulé sur cette intervention.

Inscription
ou
Connexion