Madame la ministre, en tant que membre du groupe de travail « Attractivité des emplois et des carrières scientifiques », qui a pour mission de faire des propositions à votre ministère en vue de la future loi de programmation pluriannuelle de la recherche, je souhaite attirer votre attention sur les difficultés rencontrées par les étudiants en double cursus médecine-sciences.
Ce cursus permet l’acquisition d’une formation à la recherche et d’un doctorat de sciences au cours des études médicales.
L’objectif est de former des cliniciens à la recherche fondamentale, clinique et translationnelle. Grâce à leur double compétence, ces médecins participent à des activités de recherche et jouent ainsi un rôle déterminant dans le développement des innovations cliniques au service des patients.
Or, selon une étude de l’association Médecine Pharmacie Sciences, l’articulation entre les formations médicales et scientifiques reste insuffisante.
Parmi les problèmes évoqués par les étudiants figure notamment l’organisation actuelle des deuxième et troisième cycles des études médicales, qui, en l’absence d’aménagements, les oblige à interrompre pendant plusieurs années leurs activités de recherche. Les conséquences en sont un taux important de renoncement à la poursuite du parcours de recherche, voire, pour certains, un départ vers des pays valorisant davantage les doubles parcours.
Il apparaît par ailleurs difficile de mener un travail de recherche prolongé pendant l’internat de médecine. Il est nécessaire pour cela d’interrompre transitoirement son internat, un effort qui, pour l’instant, n’est pas valorisé dans la suite de la formation médicale.
Enfin, les difficultés se prolongent ensuite dans l’aboutissement d’un projet professionnel médecine-recherche, que les seules carrières hospitalo-universitaires ne suffisent pas à combler.
Ces éléments expliquent en partie les effectifs relativement faibles des étudiants engagés et persévérant dans un double cursus en France. Ils sont évalués à une centaine par an, soit environ 1, 25 % des effectifs, contre 3 % à 5 % en Suisse, au Royaume-Uni ou aux États-Unis. Le volume de publications et de citations scientifiques de la France n’a pas non plus suivi la même croissance que celle des autres pays ces dernières années.
S’agissant d’un enjeu important pour l’attractivité et l’optimisation de la qualité des soins, mais aussi pour l’avenir de la recherche française, à laquelle je vous sais particulièrement attachée, madame la ministre, pouvez-vous me confirmer que ces éléments seront bien pris en compte dans le cadre de la réforme des études médicales ?
Certains de ces étudiants nous écoutent aujourd’hui. Ils reflètent l’excellence de notre système éducatif et sont en attente de solutions concrètes qui contribueront à maintenir, voire à faire progresser notre pays dans ce domaine.