Intervention de Ronan Dantec

Réunion du 11 avril 2019 à 15h00
Création de l'office français de la biodiversité — Article 3

Photo de Ronan DantecRonan Dantec :

De vraies questions sont posées dans l’intervention de M. Cardoux, qui ne va probablement pas calmer les craintes des uns et des autres.

Il faut que nous soyons clairs sur quelques points. Tout d’abord, les listes des espèces protégées sont avant tout des listes internationales – je pense à la CITES, la convention sur le commerce international des espèces de faune et de flore sauvages menacées d’extinction – et des listes européennes. On ne reviendra pas sur ces listes. Le gros des espèces protégées y figure.

Il est légitime d’ouvrir le débat s’agissant d’espèces fragiles et chassables : je n’ai pas d’opposition a priori vis-à-vis de la gestion adaptative. Et, dans une logique adaptative, le raisonnement suivant ne me semble pas, en soi, discutable : constatant la diminution des populations d’une espèce de gibier, on réduit la pression de chasse, voire on la suspend ; lorsque ces populations augmentent à nouveau, on rouvre la chasse.

Toutefois, certaines espèces protégées au niveau européen ne sont pas chassables, tout simplement. Dans ce cadre, quelques espèces peuvent effectivement poser des problèmes sur un certain nombre de territoires. Le cas échéant, on a besoin de régulation, pas de chasse. Il ne faut pas tout mélanger : il faut en rester à une gestion adaptative des gibiers, l’idée sous-jacente étant aussi, s’agissant d’une chasse de loisir, que les espèces chassées sont des espèces que l’on mange – il ne faut pas oublier cette dimension inhérente au gibier.

Autrement dit, la gestion adaptative ne doit pas concerner toutes les espèces ; sinon, on n’y arrivera pas. L’enjeu de notre travail sur ce texte est que nous puissions, collectivement, trouver des compromis, voire impulser des dynamiques, entre des acteurs qui historiquement s’opposent ; si nous décidons d’élargir le nombre d’espèces concernées, nous échouerons à créer ces dynamiques, qui sont pourtant nécessaires aujourd’hui.

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