Intervention de Marianne Gazeau

Délégation aux droits des femmes et à l'égalité des chances entre les hommes et les femmes — Réunion du 11 avril 2019 : 1ère réunion
Audition de Mme Marianne Gazeau présidente de foot d'elles

Marianne Gazeau, présidente de Foot d'Elles :

Je tiens tout d'abord à rappeler qu'il n'y a pas de footballeuses professionnelles. Dans deux ou trois clubs, les femmes s'entraînent toute la journée et sont rémunérées pour cela, mais elles ne sont pas considérées comme des professionnelles. Les compétitions féminines D1 et D2 sont gérées par la Fédération française de football (FFF) et non par la Ligue de football professionnel (LFP) qui gère la L1 et la L2 pour les footballeurs.

En outre, je n'ai pas dit qu'il était facile pour les joueuses de trouver du travail ou de concilier leur vie professionnelle avec la pratique du football. De nombreuses footballeuses perçoivent un salaire sur la base d'un SMIC pour un mi-temps avec leur club. Des primes de match s'y ajoutent. Il existe environ 135 contrats fédéraux de ce type. Ces joueuses payées à mi-temps pour faire du football doivent donc trouver un autre travail. Les clubs encouragent désormais les doubles cursus, mais cela n'est pas évident. Un certain nombre de joueuses n'ont pas de formation dans un autre domaine. Des entreprises, comme Carrefour, sont partenaires des clubs de football et aident des joueuses en les recrutant. Je n'ai en aucun cas dit que cela était facile pour ces femmes. L'équipe de football que nous avons monté dans le cadre de « Nos quartiers ont du talent » ne s'adressait pas à des footballeuses mais à des femmes en recherche d'emploi. Grâce à l'impulsion collective entre marraines et filleules, les jeunes femmes ont trouvé un travail facilement.

S'agissant des relations entre les joueuses et les entreprises, le mécénat de compétences peut contribuer à leur rapprochement. Ce dispositif se développe de manière croissante dans les entreprises, tout comme la question de l'égalité femmes-hommes. Il permettrait selon moi d'aider les footballeuses à avancer dans leur vie professionnelle.

Par ailleurs, je confirme que la plupart des footballeuses n'ont pas conscience de leur impact médiatique, hormis les plus connues, comme celles qui jouent en équipe de France. Il reste compliqué d'approcher les joueuses. Je ne voudrais pas me montrer trop pessimiste, mais la réalité est que la plupart de ces femmes ne touchent pas de salaires élevés et qu'elles vivent avec des revenus modestes. Dans les clubs, elles ne sont pas aussi bien considérées que les footballeurs, en dépit des avancées que nous constatons. Pardonnez-moi le terme, mais elles sont souvent « en galère ». Il est donc difficile pour elles de se positionner comme rôles modèles alors qu'elles courent après l'argent ou après un logement.

J'ai évoqué en effet le risque que l'effet bénéfique de la Coupe du monde ne retombe, mais cela ne concerne que la médiatisation. Bien entendu, de nombreuses jeunes filles et jeunes femmes voudront se mettre au football. Toutefois, je me demande comment cet engouement sera géré en termes d'infrastructures, car les clubs manquent de moyens et d'équipements. Il faudra faire face à ces demandes alors que la place manque déjà. De plus, il sera nécessaire de former plus d'entraîneurs et plus de bénévoles et de mobiliser davantage de terrains, de vestiaires et de toilettes. Lorsque nous avons organisé notre Footworking à Nantes, il n'y avait pas de vestiaires ni de toilettes pour les femmes.

À ce sujet, je suis en lien avec l'entreprise La Financière du sport, qui propose des vestiaires dans d'anciens containers. Il est possible de les installer un peu partout pour une somme raisonnable, si j'ai bien compris. Il me paraît donc indispensable d'anticiper l'arrivée des nouvelles licenciées. À cet égard, j'ai en tête le chiffre cité par Frédérique Jossinet devant votre délégation : elle indiquait le souhait de la FFF de réduire la distance entre le domicile et le lieu d'entraînement, qui tourne actuellement autour de 35 kilomètres.

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