Mes chers collègues, nous poursuivons nos travaux sur le football féminin et la Coupe du monde 2019.
Nous avons le plaisir d'accueillir ce matin Marianne Gazeau, présidente de Foot d'Elles, un projet dont le but est, je cite, de « promouvoir le football pratiqué par les femmes, et plus largement le sport féminin, la mixité et l'égalité femmes-hommes par le prisme du sport ». Cela intéressera tout particulièrement Françoise Gatel, sénatrice d'Ille-et-Vilaine, qui a travaillé sur la question du sport pour tous dans le cadre d'une mission sur le sport tout au long de la vie, que je remercie pour sa présence. Notre réunion est en effet ouverte à nos collègues du groupe d'études « Pratiques sportives et grands événements sportifs ».
La délégation aux droits des femmes a décidé à l'unanimité de s'intéresser au football féminin en cette année de Coupe du monde féminine de football qui se tiendra en France du 7 juin au 7 juillet. Nous souhaitions mettre à l'honneur l'équipe française à l'occasion de cette compétition qui représente une opportunité de valoriser les joueuses qui portent nos couleurs.
Nous avons également pensé que cette thématique s'inscrivait dans le cadre général de l'égalité entre les femmes et les hommes et illustrait notre souci de promouvoir une meilleure visibilité des femmes.
Pour mener ce travail, nous avons désigné quatre co-rapporteures représentant différentes sensibilités politiques de notre assemblée :
- Céline Boulay-Espéronnier pour le groupe Les Républicains ;
- Victoire Jasmin pour le groupe Socialiste et républicain ;
- Christine Prunaud pour le groupe Communiste républicain citoyen et écologiste ;
- et moi-même pour le groupe Union centriste.
Nous avons débuté nos travaux le 13 décembre 2018 avec l'audition de la ministre des Sports, Roxana Maracineanu. Nous avons également entendu des représentantes de la Fédération française de football (FFF) et de la Ligue de football professionnel (LFP). Nous nous efforçons de compléter nos auditions par des déplacements dans les territoires. De plus, nous organiserons au mois de mai une table ronde qui permettra d'étudier le sujet de la médiatisation du football, en partenariat avec la FFF.
Le football féminin a beaucoup progressé en termes de visibilité et de présence dans les médias depuis quelques années, sans pour autant égaler le football masculin dans le coeur du grand public, d'où l'intérêt de votre projet Foot d'Elles qui promeut la visibilité du football féminin dans les médias et notamment sur Internet.
Nous aimerions donc savoir dans quel contexte est né ce projet citoyen. Qu'est-ce qui vous a donné envie de promouvoir le football féminin ? Quels sont les objectifs principaux et la forme que prennent vos actions ? Quels sont vos réseaux et vos partenaires ? Le projet a-t-il évolué dans son périmètre depuis sa création ?
Madame Gazeau, je vous remercie pour votre présence et je vous cède la parole sans plus tarder. Les co-rapporteures vous poseront ensuite des questions sur votre présentation.
Madame la présidente, je vous remercie tout d'abord pour votre invitation. Je vais donc vous présenter le projet citoyen Foot d'Elles. Puis, j'aborderai plus particulièrement les questions de l'image des footballeuses et de leur médiatisation, pour terminer avec quelques pistes de réflexion.
J'ai créé mon entreprise, Sésame, il y a vingt ans, pour accompagner les entreprises françaises à l'international en proposant des détections de projets, des études de marché ou encore des recherches de partenaires. Nous travaillons principalement pour de grands groupes dans le monde des infrastructures, de la construction, du luxe ou de la banque. Depuis la création de mon entreprise, j'ai toujours souhaité faire preuve d'une certaine ouverture d'esprit. L'égalité femmes-hommes en représente un aspect obligatoire.
En outre, de manière informelle, mes salariés et moi-même avons régulièrement accompagné des jeunes en difficulté ou des associations pour leur apporter de l'aide ou des conseils. En 2012, j'ai proposé à mes salariés de créer un vrai projet citoyen. Ainsi nous avons cherché un projet positif qui soit visible sur les réseaux sociaux, où nous sommes assez actifs, et qui correspondait à nos valeurs. De manière neutre, nous en sommes arrivés au football féminin, un sujet qui ne m'était pas familier.
En réfléchissant autour de ce sujet, nous avons constaté que le football féminin était inexistant par rapport au football masculin. Étant donné que je m'intéresse beaucoup à l'égalité femmes-hommes, j'ai trouvé qu'il s'agissait d'un sujet parfait pour faire progresser les mentalités. C'est ainsi qu'est né le projet « Foot d'Elles, Dribbler la différence ».
Nous avons très vite lancé un site Internet, ainsi qu'un certain nombre d'événements.
Après sept ans d'engagement, voici notre bilan. Notre budget reste limité. Nous fonctionnons grâce à du mécénat et avec nos propres moyens.
En premier lieu, nous contribuons à la visibilité du football féminin et des footballeuses. À ce jour, notre site Internet comptabilise environ 7 500 articles et plus de deux millions de pages vues. Concernant les réseaux sociaux, nous avons une communauté de 4 000 personnes abonnés à la newsletter. Nous totalisons presque 10 000 fans sur Facebook et 12 000 followers sur Twitter. De plus, nous enregistrons 200 000 visites par mois sur le site. Notre ligne éditoriale est avant tout de proposer des articles de fond pour mieux connaître les équipes françaises et internationales sur les difficultés qu'elles rencontrent pour pratiquer ce sport. Nous publions aussi des portraits de footballeuses représentant à nos yeux des modèles dans le sport, dans leur vie professionnelle ou dans la vie associative. Il est important de faire connaître les footballeuses et de raconter leur histoire, pour créer des modèles susceptibles de faire naître des vocations chez les jeunes filles. Nous essayons également de relayer les bonnes pratiques dans les clubs pour qu'elles puissent essaimer ailleurs.
En second lieu, nous créons de l'événementiel. Notre premier événement, « Mêmes rêves de foot », a eu lieu en 2014. J'ai imaginé qu'une manière de médiatiser les footballeuses était de faire une photo d'un footballeur et d'une footballeuse affiliés aux mêmes clubs emblématiques et de les faire échanger sur le football féminin. Nous avons ciblé les dix principaux clubs de Ligue 1 qui avaient une équipe féminine. Si les partenariats ont été rapidement obtenus auprès des responsables des équipes féminines, il s'est avéré extrêmement compliqué de réaliser les séances photos. Cette expérience a été révélatrice de la coexistence de deux mondes, deux écosystèmes séparés : le monde amateur d'un côté avec les footballeuses et le monde professionnel de l'autre avec les footballeurs. Il était presque impossible de faire une photographie avec un joueur et une joueuse. L'exposition a finalement été inaugurée en septembre 2014 sur les grilles du stade Charléty, grâce à l'aide de la Mairie de Paris. Il est certain que l'énergie des directeurs de la communication des clubs est très centrée sur les footballeurs, et peu sur les footballeuses. Je tiens à souligner ce point, car cela illustre bien le manque de reconnaissance dont souffrent les joueuses.
Par ailleurs, le football est un bon moyen pour favoriser l'esprit d'équipe dans le monde des entreprises ou encore dans le monde associatif. Je suis membre d'une association « Nos quartiers ont du talent », qui regroupe des parrains ou des marraines salariés en entreprise et des jeunes de quartiers populaires qui ont un Master 2 et qui rencontrent des difficultés à trouver un emploi. J'ai proposé à l'association de monter une équipe de football avec des marraines et des filleules. L'objectif était de participer à un critérium amateur en atteignant un résultat honorable, mais surtout que toutes les filleules trouvent un emploi à la fin de la saison. Jusqu'en 2016 les objectifs étaient atteints. Le travail d'équipe et l'émulation ont fait aboutir cela de manière totalement informelle, sans utiliser les méthodes habituelles de recherche d'emploi. Le football a rendu cela possible.
Nous avons laissé cette équipe aux marraines et filleules, qui ont repris le flambeau, et nous nous sommes tournés vers les entreprises pour encourager la création d'équipes féminines. Les hommes pratiquent le football dans les entreprises, mais pas les femmes. J'ai donc proposé à ces entreprises de participer à un tournoi qui s'appelle Footworking. L'événement a lieu tous les ans dans une ville différente. Jusqu'à présent il a eu lieu à Lyon, Bordeaux et Nantes.
Réunir une dizaine d'équipes de femmes en entreprise n'est pas simple. La résistance vient des différentes directions contactées mais aussi des femmes elles-mêmes.
Pourtant, en termes de communication interne, les messages véhiculés sont importants et amènent souvent un grand respect de la part des collègues.
Certaines femmes ont d'ailleurs été encouragées à créer des équipes dans leur entreprise et pratiquent maintenant le football régulièrement. Lors du dernier tournoi à Nantes, nous avons osé la mixité et nous avons demandé aux équipes féminines d'inviter deux hommes dans leur équipe, sachant qu'un seul était présent sur le terrain. Le retour sur le tournoi était très positif et nous allons continuer à développer cette idée.
Notre projet a reçu des récompenses. Je suis fière de mes salariés et des trois prix reçus. Nous avons obtenu en 2014 le Trophée « Nos quartiers ont du talent » grâce à l'équipe de football que nous avons montée. En 2015, nous avons eu le prix Coup de coeur de la deuxième nuit RSE et en 2018 le premier prix Acteur engagé des Trophées du sport responsable Generali. Nous allons évidemment poursuivre nos actions.
Enfin, en cette année de Coupe du monde, nous n'opterons pas pour une médiatisation classique, sachant que tous les médias couvriront cet événement, aussi bien les médias français qu'internationaux. Nous avons de toute façon pris le parti d'être un peu décalés par rapport à l'actualité du football. Nous avons opté pour un festival de films documentaires qui tournera en parallèle de la Coupe du monde dans les neuf villes hôtes. Nous comptons environ vingt-cinq lieux partenaires et plus de quarante-cinq séances pour une quinzaine de films. Des débats auront lieu à la fin de chaque projection. Nous avons essayé d'être présents partout, à la fois dans les banlieues populaires à travers les Maisons des femmes ou les Maisons de quartier, dans des lieux plus prestigieux, comme le Musée du sport, la mairie de Grenoble ou l'ambassade de Suède avec qui nous organisons un événement à Nice, ou encore dans les cinémas d'art et d'essai, où il n'y a pas beaucoup de films programmés sur le football ou sur le sport féminin.
Nous emmenons avec nous Nicole Abar, une femme que j'admire énormément, et qui oeuvre beaucoup en faveur de l'égalité femmes-hommes. Elle a décidé de lancer un projet autour d'un baby-foot mixte en partenariat avec Bonzini, le fabricant de référence des baby-foot.
Nous espérons rencontrer des publics très différents, car il y aura évidemment une suite à ce festival. Nous souhaitons recueillir de nombreuses bonnes pratiques et initiatives que nous valoriserons sur notre site Internet afin de développer une nouvelle communauté.
Après avoir présenté nos actions, je souhaiterais aborder l'image des footballeuses. Nous avons réalisé une étude empirique à partir d'articles, d'entretiens, d'événements ou de rencontres (hors footballeuses, encadrement et FFF) pour mesurer la perception du football féminin. Nous avons recueilli environ 850 avis. 80 % des répondants ont une opinion positive des footballeuses, sans même connaître cette pratique. Les personnes interrogées disent que les footballeuses jouent bien et manifestent de l'admiration parce que ces dernières doivent mener un double projet professionnel et sportif et que leurs salaires sont largement inférieurs à ceux des hommes. Le football féminin provoque immédiatement un sourire et quelques mots très positifs.
Par ailleurs, presque personne n'a vu de match de football féminin. Les deux clubs qui sont cités sont l'OL et le PSG, ce qui est normal puisqu'il s'agit des deux clubs principaux. Les joueuses les plus évoquées sont Laure Boulleau, qui est la plus médiatisée, et Gaétane Thiney, qui exerce désormais des responsabilités à la FFF et qui a commenté des matchs. Wendy Renard reste une figure de référence parce qu'elle a été capitaine de l'équipe de France et de l'OL, même si elle est de nature plus réservée. Enfin, Amandine Henry apparaît plus récemment puisqu'elle est capitaine de l'équipe de France. Il est vraiment intéressant de souligner l'impression positive suscitée par le football féminin, même auprès de personnes qui ne connaissent pas le sujet.
Les footballeuses, pour leur part, ont peu conscience de ce capital positif. Au contraire, elles sont vraiment en recherche de reconnaissance. Elles trouvent que les clubs ne s'intéressent pas assez à elles et à leurs performances. Hormis dans quelques clubs, elles se sentent délaissées. Elles avouent également qu'elles ne savent pas communiquer. Elles ne savent pas ce qu'il faut dire ou non. De plus, elles ont peur d'être prises à partie, comme cela est déjà arrivé. D'ailleurs, Foot d'Elles a du mal à les approcher, car elles sont souvent inaccessibles. Il nous faut alors passer par l'entraîneur ou par la communication du club. Nous n'avons jamais réussi à interviewer Corinne Diacre, par exemple. Je ne parviens pas à expliquer cette réserve.
Les supporters, de leur côté, demandent davantage de diffusions de matchs. Ils se reconnaissent plus dans les valeurs du football féminin que dans celles du football masculin. Il s'agit bien de deux mondes distincts.
D'un autre côté, les footballeurs et leurs supporters et supportrices sont très peu ouverts sur le football féminin. Cela ne les intéresse pas. Il est vrai que les matchs de football masculin sont perçus comme du spectacle alors que le jeu est plus lent chez les femmes. Certains estiment que le niveau de jeu des femmes est inférieur, ce avec quoi je ne suis pas d'accord. Le jeu est très technique chez les femmes, qui font moins d'arrêts et moins de « cinéma » que les hommes. Les joueurs et leurs supporters ne connaissent pas les joueuses et ne savent pas où regarder les matchs.
Il faut donc retenir que le capital sympathie du football féminin est énorme, sauf chez les footballeurs. Les avancées médiatiques restent néanmoins timides. Certes, la perspective de la Coupe du monde encourage les médias et nous voyons de plus en plus d'articles sur le sujet. Toutefois, je pense que cet engouement risque de retomber rapidement. De plus, lorsque vous écoutez la radio ou que vous regardez la télévision, les contenus sur les joueuses ne sont pas très fournis. Les matchs de D1 sont désormais retransmis mais n'attirent pas toujours les téléspectateurs. En 2012, 7 % des matchs de football féminin étaient retransmis, contre 14 à 18 % en 2017. L'objectif est de dépasser 20 % grâce au Mondial. J'espère que cet objectif sera atteint dès 2019.
Selon moi, une action a aidé à la médiatisation du football féminin grâce à Christine Kelly, qui était alors journaliste et membre du CSA. Elle a lancé une initiative formidable sur le modèle du 8 mars ou de la Journée de lutte contre les violences faites aux femmes, pour créer les 24 heures du sport féminin. J'ai assisté au démarrage de ce projet qui a été un succès. Les médias ont joué le jeu, et l'événement se reproduit tous les ans en février. Ce week-end dédié au sport féminin fonctionne bien, car il existe une émulation entre les médias. La course à l'audience permet de développer la médiatisation du sport féminin. Christine Kelly a joué un rôle décisif en ce sens.
Du côté des médias spécialisés, nous sommes trois acteurs sur le web, avec des moyens dérisoires. Foot au féminin est le média historique créé par Sébastien Duret. Je crois qu'il s'agit d'un média bénévole. Foot d'Elles est le second média consacré au football féminin. Le dernier arrivé est Coeur de football, qui a été lancé en 2015 avec des moyens modestes. Pour ma part, je ne revendique pas le fait d'être un média, d'autant plus que nous avons un fonds de dotation. Foot d'Elles est davantage un projet citoyen.
Cependant, les réseaux sociaux permettent de compenser ce manque de médias spécialisés et cette absence de visibilité. Étant donné que les matchs ne sont pas retransmis, Facebook, Instagram, Twitter et les forums de discussion représentent des vecteurs privilégiés pour échanger. Il s'agit d'une mine d'informations considérable. Certains matchs sont par exemple retransmis « sauvagement » par des fans avec des caméras amateurs. Pour rappel, la D1 est désormais diffusée sur Canal Plus, mais cela n'est pas le cas de la D2, qui n'est pas retransmise à la télévision. Les fans font également des commentaires, écrivent des articles et discutent beaucoup entre eux. Leur culture générale et leur connaissance sont incroyables. Nous voyons sur notre site des discussions de grands experts qui restent néanmoins confidentielles. Il s'agit d'un milieu fermé de passionnés.
Il est vrai que le Mondial entraîne une évolution significative. La Coupe du monde de 2003, qui a eu lieu aux États-Unis, était couverte par un envoyé spécial, un photographe de L'Équipe et trois journalistes de Ouest-France, France Football et RTL. En 2015, la Coupe du monde a eu lieu au Canada. L'Équipe a consacré sa couverture à l'équipe de France féminine de football à cinq reprises. Deux journalistes et deux photographes étaient sur place. Les principales chaînes de télévision étaient également présentes pour suivre l'équipe de France, c'est-à-dire que la couverture s'est arrêtée quand la France a été disqualifiée. En 2019, les médias internationaux seront présents. Le dispositif de L'Équipe comprend quinze journalistes, dont cinq qui se consacreront à l'équipe de France, et six photographes. Les meilleures équipes seront suivies par deux journalistes et la chaîne de L'Équipe aura quatre journalistes. Il est plus facile de déployer un tel dispositif puisque la compétition se déroule chez nous. J'espère que nous constaterons un dispositif similaire lors de la prochaine Coupe du monde.
Pourquoi observons-nous un désintérêt des médias pour le football féminin par rapport au football masculin ?
Tout d'abord, les clubs ne communiquent pas envers les médias. Il faudrait pourtant qu'ils préparent des dossiers de presse, qu'ils fournissent des histoires, car les médias ne s'intéresseront pas spontanément à une pratique méconnue.
En outre, il est extrêmement difficile d'approcher les joueuses internationales. Les footballeuses, comme je l'ai souligné, ne communiquent pas. Elles n'ont pas conscience du rôle de modèle qu'elles pourraient jouer auprès du public. Or dans les médias, le football masculin occupe toute la place. Il est donc très difficile de faire émerger le football féminin dans le monde médiatique. Tous les journalistes sont invités pour voir les matchs de football masculin. La communication est importante, les joueurs communiquent. Le football féminin connaît une situation inverse. Il n'est pas toujours facile pour nous d'obtenir les informations alors que nous sommes un média spécialisé.
J'aimerais terminer par quelques pistes de réflexion. Il serait très important de former les footballeuses et les sections féminines des clubs à la communication. Pourquoi ne pas mettre à disposition des kits de formation sur ce sujet ? Il conviendrait également d'organiser des séminaires avec les clubs pour échanger sur les bonnes pratiques. Certains clubs, comme Le Havre, ont un vrai projet pour le football féminin, ce qui est indispensable pour développer une bonne communication. Ces clubs peuvent montrer l'exemple. En outre, des séances de media training devraient être proposées aux footballeuses. Cependant, il reste à déterminer qui prendrait en charge de telles actions. Il reviendrait aux clubs de le faire, mais ils ne s'y intéressent pas. La FFF pourrait être sollicitée. Il est important que ces actions ne se déroulent pas en vase clos. Le directeur de la communication, qui est souvent un homme, conçoit la communication de la même manière pour les footballeurs et les footballeuses. Il me semble au contraire qu'il faudrait s'éloigner de cette conception.
Par ailleurs, il serait intéressant d'élargir la communication vers plus de médias et vers d'autres thématiques. Il me paraît illusoire de penser que les footballeuses recevront la même attention médiatique que les footballeurs en peu de temps. Cela prendra des années et je ne suis pas sûre que cela soit la bonne solution, car il s'agit de deux mondes différents. Nous comparons toujours les footballeuses aux footballeurs, mais cela n'est pas pertinent. Les photos de footballeurs, par exemple, présentent toujours les joueurs dans des poses relativement agressives. Pourquoi devrions-nous présenter les joueuses de la même manière ? Il est possible selon moi de les présenter autrement.
Il est donc nécessaire de trouver une médiatisation adaptée pour le football féminin et pour les joueuses. Je rejoins Arnaud Simon, l'ancien directeur général d'Eurosport, qui estime qu'il ne faut pas faire des footballeuses des « footballeurs bis ». En effet, il est important de proposer d'autres thématiques, notamment en racontant l'histoire des joueuses, car ces femmes sont des battantes. Leurs parcours de vie sont incroyables puisqu'elles doivent mener leur carrière sportive en parallèle d'une vie professionnelle ou de leurs études. Elles s'entraînent de 16 heures à 21 heures et sont occupées tous les week-ends. Elles ont une forte personnalité et des histoires à raconter. Par conséquent, elles devraient être des modèles pour notre société et méritent que les journalistes s'intéressent à elles. Les journalistes sportifs ne s'intéresseront peut-être pas à elles, mais les autres journalistes pourront évoquer la mixité ou l'égalité femmes-hommes en médiatisant ces joueuses, d'autant plus que ces sujets intéressent les médias. Il me paraît donc important de faire du storytelling, mais aussi des documentaires ou des séries sur ces femmes, en adoptant une médiatisation différente de celle des footballeurs.
Enfin, j'aimerais pousser la réflexion un peu plus loin. La plupart des footballeuses se trouvent dans une situation très précaire. Hormis quelques-unes qui reçoivent de bons salaires, les joueuses ont des conditions de vie difficiles. Pourtant, nous leur demandons de nombreux efforts. Ces femmes vivent dans un monde fermé qui ne les considère pas et elles sont effacées derrière les footballeurs.
En revanche, si elles tissent des liens avec les associations, les entreprises ou les collectivités, elles arriveront à ouvrir des portes. Elles peuvent intervenir sur des questions telles que l'égalité femmes-hommes, le sport comme source de bien-être, le vivre-ensemble ou la mixité sociale. Les footballeuses pourraient ainsi s'appuyer sur cet autre monde pour améliorer leur médiatisation. De plus, les capacités de communication de ces différentes organisations sont plus importantes que celles des clubs de football féminin. Les joueuses pourraient notamment intervenir lors de conférences et évoquer les parallèles entre le sport et l'entreprise. Elles pourraient entraîner des équipes de femmes dans les entreprises ou s'impliquer dans les associations. Elles le font déjà souvent, mais cette démarche n'est pas suffisamment structurée. Par conséquent, il nous revient de nous occuper de la médiatisation de ces femmes, puisque peu de personnes s'intéressent à elles dans les clubs. D'autres structures pourront les soutenir, puisque leur capital sympathie est important.
Plus les footballeuses noueront des contacts avec l'extérieur, plus elles seront médiatisées pour leurs performances, leur parcours de vie professionnel et leur engagement citoyen, plus elles augmenteront leur visibilité. Or nous avons besoin d'elles comme modèles. J'ai découvert des personnalités incroyables parmi ces joueuses, mais leur parcours reste confidentiel.
Je vous remercie.
Merci à vous pour cet exposé intéressant et complet.
Je retiendrai trois éléments dans votre intervention, à commencer par la nécessité pour les jeunes générations de s'identifier à des modèles. Lorsque les jeunes adoptent un sport, cela est souvent dû à un phénomène d'identification. Il est donc nécessaire en effet de présenter des femmes footballeuses grâce à des portraits ou à l'organisation d'événements. Cela m'a fait penser au rapport que la délégation a produit sur les femmes dans l'agriculture. Nous savons que 30 % des chefs d'exploitation sont des femmes, mais elles restent invisibles. Dans certaines régions, comme la Bretagne, les femmes se sont fédérées pour améliorer leur visibilité dans l'agriculture. Elles sont très dynamiques et organisées. Il est donc important de créer des événements pour mettre ces femmes en avant.
En outre, nous avons fait un déplacement au Paris Football Club lors duquel nous avons eu l'occasion d'échanger avec des joueuses qui mènent de front des vies professionnelles intenses et une passion pour le sport. Leur engagement est fort, mais elles font preuve de beaucoup de discrétion et d'humilité dans leur personnalité.
Concernant la communication, j'aimerais évoquer le déplacement que notre délégation a fait en Vendée. Un article est paru sur la table ronde qui a été organisée avec les acteurs locaux du football. Dans les quinze jours qui ont suivi, quatre ou cinq articles sont sortis dans la presse locale sur le football féminin. Notre venue a déclenché une communication qui n'existait pas auparavant. Il suffit parfois de peu de choses pour améliorer la visibilité.
Enfin, je reste persuadée que tant que le football ne sera pas proposé comme sport collectif à l'école, le développement du football féminin restera compliqué. En outre, il est difficile de donner envie à des jeunes de s'investir dans un sport sans phénomène d'identification.
Il existe également des réticences chez les parents.
Merci pour votre présentation, qui propose une approche particulière sur le football féminin, ce qui n'est pas un reproche. Jusqu'à présent, nous avions rencontré des personnalités issues du monde du football féminin professionnel.
J'aimerais que vous développiez certains de vos propos. Vous dites que vous avez trouvé du travail très facilement pour certaines joueuses d'équipes amateurs en fin de tournoi. Vos propos démontraient une certaine facilité dans votre démarche alors que nous pensons qu'il est difficile pour les joueuses de mener en parallèle une carrière sportive et un parcours professionnel. De plus, je n'ai pas bien compris si vous parliez des clubs amateurs ou professionnels. J'aimerais davantage de détails sur ce point.
En outre, j'étais étonnée d'entendre que les joueuses n'ont pas conscience de l'impact qu'elles peuvent avoir sur l'évolution du football féminin. Cela ne correspond pas à ce que j'ai ressenti lors des auditions précédentes. Il me semble que ces femmes se battent constamment et qu'elles ont une réelle aura, même si elles l'ont acquise difficilement.
Concernant la Coupe du monde, vous affichez une forme de pessimisme sur les retombées médiatiques de cet événement. Nous pensons, d'après les entretiens que nous avons eus, que cette compétition donnera au contraire un nouvel élan à la pratique féminine sur nos territoires.
Merci Madame, pour cet exposé très fourni.
Nous constatons à travers nos auditions à quel point la communication et l'amélioration de la visibilité du football féminin sont des enjeux cruciaux. Comme ma collègue Christine Prunaud, je trouve préoccupant que vous pensiez que l'effet médiatique risque de retomber après la Coupe du monde. Je ne doute pas que notre rapport contribuera à maintenir l'intérêt médiatique envers le football féminin, car cela est notre objectif. Une bonne communication est effectivement une communication qui dure dans le temps. Le vrai défi réside sans doute là.
Vos propos nous donnent l'impression qu'il faut souvent communiquer malgré les footballeuses, ce qui soulève la question suivante : pouvons-nous faire le bonheur des gens malgré eux ? Cela me semble difficile. Je suis d'accord avec vous pour dire que les clubs doivent communiquer. J'ai eu une idée similaire à celle que vous évoquez concernant le développement de formations et de kits de formation. Toutefois, ces dispositifs doivent être financés. De plus, ils seront compliqués à mettre en place si les joueuses ne souhaitent pas communiquer.
Par ailleurs, vous avez souligné que les joueuses ont des vies très remplies, qu'elles doivent mener à bien un double projet et que leurs entraînements sont prenants. Dans ces conditions, je me demande si elles auront le temps et l'énergie de contacter des structures, des entreprises ou des associations pour améliorer la communication en leur faveur comme vous le préconisez.
Enfin, vous avez souligné l'importance des réseaux sociaux comme mine de renseignements autour de la Coupe du monde de football. J'aimerais savoir si ces moyens de communication ne constituent pas un creuset de commentaires sexistes. Je m'interroge sur ce que la législation prévoit à ce sujet. Les réseaux sociaux sont-ils mis face à leurs responsabilités dans ce cas ? Je pense qu'un sujet comme le football féminin peut susciter beaucoup d'agressivité. Êtes-vous vigilant par rapport à ce phénomène ?
Madame Gazeau, c'est un ancien président de club de football masculin qui s'exprime. Je voudrais vous féliciter pour votre courage et votre mérite d'assurer la promotion du football féminin, ainsi que pour votre approche citoyenne et sociale. C'est bien l'un des aspects du sport qui m'intéresse. Il ne s'agit pas du sport pour la performance ou pour un titre de champion, mais avec une dimension citoyenne et sociale.
Vous avez du mérite, car votre combat ressemble à celui visant à masculiniser la danse classique, qui est généralement réservée aux petites filles. Le petit garçon apparaît comme une sorte de « vilain petit canard » lorsqu'il vient pratiquer la danse classique.
Il est vrai que le football est un monde machiste, ou du moins masculin. Il est difficile de développer le football féminin en milieu rural comme en milieu urbain, et notamment dans les petites divisions et les petits clubs. Toutefois, la médiatisation du football professionnel féminin, avec le PSG et l'OL par exemple, servira de moteur comme cela est le cas dans toutes les disciplines sportives.
En outre, le football féminin peut se concevoir hors compétition. J'aimerais signaler que des fédérations de football loisir s'ouvrent à un public beaucoup plus large. Je pense par exemple à l'Union française des oeuvres laïques d'éducation physique (UFOLEP) ou à l'Union sportive de l'enseignement du premier degré (USEP) pour les scolaires, dont la philosophie est résumée dans la devise suivante : « Une autre idée du sport ».
S'agissant de la Coupe du monde 2019, je ne suis pas aussi pessimiste que vous. L'effet médiatique ne retombera peut-être pas, à une condition. Tout dépendra selon moi de la performance de l'équipe de France. Rappelez-vous des victoires françaises à Roland-Garros. La Fédération française de tennis avait enregistré dans les mois suivants une forte vague d'adhésion dans les clubs. Il en a été de même dans les clubs de football après la Coupe du monde 1998. Si l'équipe de France féminine fait une bonne performance, je suis persuadé que le nombre de licenciées augmentera.
Je tiens à vous féliciter, Madame Gazeau, car vous apportez une fraîcheur qui nous fait du bien de bon matin.
Je suis surprise, comme mes collègues, de constater que les joueuses de football fuient les caméras et les interviews. Avez-vous persévéré auprès d'elles ? Il me semble indispensable de savoir ce qu'elles veulent afin d'arriver à promouvoir leur image.
En outre, j'aimerais faire un parallèle concernant la communication avec le secteur de la grande distribution. Il s'agissait pendant longtemps d'une distribution de masse fortement homogène. Or les marques se sont aperçues qu'il était important de créer des éléments de différenciation pour que les consommateurs les identifient de manière préférentielle. Nous constatons aujourd'hui l'émergence de commerces biologiques ou à tendance sociétale marquée. Cette différenciation s'est faite grâce à la communication.
En effet, les attitudes des footballeurs et des footballeuses diffèrent. Le football masculin semble orienté vers la promotion et l'individualité tandis que le football féminin est tourné vers la passion et le collectif. Il faudrait donc trouver une communication différente qui renvoie à ce que nous souhaitons créer comme société. La Coupe du monde féminine de la FIFA, qui aura lieu sur notre territoire, nous donne une occasion de définir des valeurs communes, au moment où la France traverse une crise importante.
Par ailleurs, j'aimerais apporter deux témoignages. Je crois beaucoup au rôle de l'Éducation nationale. J'ai eu une expérience dans le rugby. Des équipes de rugby venant des quartiers sont venues jouer contre des équipes venant de la campagne. Cela représentait un vrai défi, mais l'initiative a fonctionné, car les professeurs d'EPS se sont rencontrés et se sont mis d'accord au préalable.
Enfin, pour reprendre les propos de notre collègue sur la danse, il est vrai que le film Billy Elliot nous a fait connaître la danse masculine. Je suis de Grenoble, l'une des villes hôtes du Mondial, et nous assisterons à votre festival de film documentaire, car cela sera peut-être l'occasion de dynamiser le football féminin au-delà de la Coupe du monde. Nous avons certainement besoin de telles initiatives.
Merci pour votre présentation. Je ne suis pas sportive, ni fan de football, mais j'ai produit un rapport sur l'activité physique et sportive pour tous tout au long de la vie. À cette occasion, je me suis intéressée au football féminin par le biais de la Coupe du monde féminine des moins de 20 ans qui a eu lieu en Bretagne l'an dernier. Il y avait un public nombreux de spectateurs connaisseurs du football. L'équipe de France a d'ailleurs obtenu de très bons résultats.
Il est vrai que le football féminin ne réunit pas de la même manière que le football masculin. J'ai découvert des joueuses efficaces, fines dans leur jeu, professionnelles, élégantes et collectives. Elles ne contestaient pas les décisions de l'arbitre et n'avaient pas de réactions exagérées comme leurs homologues masculins. Par conséquent, je me suis intéressée au football à travers ces femmes.
J'ai vu également des chefs d'entreprise qui s'intéressaient au football féminin pour son image novatrice. En termes de marketing, la promotion de l'image de la femme constitue un élément relativement vendeur. En outre, des jeunes filles qui assistaient aux matchs manifestaient une envie de s'intéresser au football féminin parce que le geste était beau. J'ai senti chez ces filles une certaine fierté.
Pour reprendre l'image de notre collègue sur la danse au masculin, il est vrai que le film Billy Elliot a aidé, mais également de grandes figures comme Rudolf Noureev. Nous savons que le sport doit être incarné par une figure qui suscite l'envie ou qui a un destin exceptionnel.
Par conséquent, il faut encourager la Fédération et la mobiliser. Je crois que le football féminin se développera. J'ai été longtemps maire d'une commune où la section féminine de football grandit. Il est nécessaire d'avoir des relais en milieu scolaire pour cela.
J'aimerais enfin vous proposer une idée. En travaillant sur le rapport sur le sport pour tous, j'ai découvert des expériences remarquables qui sont conduites par des agences pour l'emploi. Ces dernières introduisent dans le programme d'accompagnement des demandeurs d'emploi une activité physique et sportive encadrée. Cela donne des résultats fabuleux, notamment à Orléans. Le fait d'amener des femmes à s'intéresser au football permettrait de leur redonner confiance. Je vous invite à rencontrer ces personnes. Le football transmet des valeurs exceptionnelles au niveau social et personnel. Merci pour votre action.
Merci pour vos questions. Nous allons laisser Madame Gazeau répondre à ces interventions.
Je tiens tout d'abord à rappeler qu'il n'y a pas de footballeuses professionnelles. Dans deux ou trois clubs, les femmes s'entraînent toute la journée et sont rémunérées pour cela, mais elles ne sont pas considérées comme des professionnelles. Les compétitions féminines D1 et D2 sont gérées par la Fédération française de football (FFF) et non par la Ligue de football professionnel (LFP) qui gère la L1 et la L2 pour les footballeurs.
En outre, je n'ai pas dit qu'il était facile pour les joueuses de trouver du travail ou de concilier leur vie professionnelle avec la pratique du football. De nombreuses footballeuses perçoivent un salaire sur la base d'un SMIC pour un mi-temps avec leur club. Des primes de match s'y ajoutent. Il existe environ 135 contrats fédéraux de ce type. Ces joueuses payées à mi-temps pour faire du football doivent donc trouver un autre travail. Les clubs encouragent désormais les doubles cursus, mais cela n'est pas évident. Un certain nombre de joueuses n'ont pas de formation dans un autre domaine. Des entreprises, comme Carrefour, sont partenaires des clubs de football et aident des joueuses en les recrutant. Je n'ai en aucun cas dit que cela était facile pour ces femmes. L'équipe de football que nous avons monté dans le cadre de « Nos quartiers ont du talent » ne s'adressait pas à des footballeuses mais à des femmes en recherche d'emploi. Grâce à l'impulsion collective entre marraines et filleules, les jeunes femmes ont trouvé un travail facilement.
S'agissant des relations entre les joueuses et les entreprises, le mécénat de compétences peut contribuer à leur rapprochement. Ce dispositif se développe de manière croissante dans les entreprises, tout comme la question de l'égalité femmes-hommes. Il permettrait selon moi d'aider les footballeuses à avancer dans leur vie professionnelle.
Par ailleurs, je confirme que la plupart des footballeuses n'ont pas conscience de leur impact médiatique, hormis les plus connues, comme celles qui jouent en équipe de France. Il reste compliqué d'approcher les joueuses. Je ne voudrais pas me montrer trop pessimiste, mais la réalité est que la plupart de ces femmes ne touchent pas de salaires élevés et qu'elles vivent avec des revenus modestes. Dans les clubs, elles ne sont pas aussi bien considérées que les footballeurs, en dépit des avancées que nous constatons. Pardonnez-moi le terme, mais elles sont souvent « en galère ». Il est donc difficile pour elles de se positionner comme rôles modèles alors qu'elles courent après l'argent ou après un logement.
J'ai évoqué en effet le risque que l'effet bénéfique de la Coupe du monde ne retombe, mais cela ne concerne que la médiatisation. Bien entendu, de nombreuses jeunes filles et jeunes femmes voudront se mettre au football. Toutefois, je me demande comment cet engouement sera géré en termes d'infrastructures, car les clubs manquent de moyens et d'équipements. Il faudra faire face à ces demandes alors que la place manque déjà. De plus, il sera nécessaire de former plus d'entraîneurs et plus de bénévoles et de mobiliser davantage de terrains, de vestiaires et de toilettes. Lorsque nous avons organisé notre Footworking à Nantes, il n'y avait pas de vestiaires ni de toilettes pour les femmes.
À ce sujet, je suis en lien avec l'entreprise La Financière du sport, qui propose des vestiaires dans d'anciens containers. Il est possible de les installer un peu partout pour une somme raisonnable, si j'ai bien compris. Il me paraît donc indispensable d'anticiper l'arrivée des nouvelles licenciées. À cet égard, j'ai en tête le chiffre cité par Frédérique Jossinet devant votre délégation : elle indiquait le souhait de la FFF de réduire la distance entre le domicile et le lieu d'entraînement, qui tourne actuellement autour de 35 kilomètres.
J'ai été rapporteur au Sénat d'une mission sur les collectivités territoriales et le sport. Les fédérations imposent et multiplient les normes, mais elles ne financent pas les équipements. Ce sont les collectivités territoriales qui paient ensuite. Pour le football, il a été imposé de créer un vestiaire pour les arbitres femmes séparé du vestiaire des arbitres hommes. De telles normes ne correspondent pas à la réalité financière des petites communes.
Je comprends ce point de vue, mais il est important qu'il soit écrit quelque part qu'un vestiaire pour femmes est nécessaire.
Pour en revenir aux médias, nous voyons que le nombre d'articles sur le football féminin augmente à l'approche de la Coupe du monde, mais je reste persuadée que l'effet médiatique retombera jusqu'à la prochaine compétition.
Il faut aider les joueuses à communiquer, mais je n'ai pas de solution pour le budget. La Fédération pourrait aider. De plus, les grands clubs ont des budgets conséquents.
Je parlais avant-hier avec l'un des rédacteurs en chef de So Foot. Il avait été sollicité pour faire du media training pour une équipe féminine. Cette expérience s'est avérée difficile, car les joueuses ne voulaient pas parler au début. Il a fini par leur demander si elles souhaitaient continuer l'exercice ou arrêter. Il les a laissées réfléchir entre elles une demi-heure, ce qui a débloqué la situation ; ensuite, tout a très bien fonctionné.
Par ailleurs, il existe en effet des commentaires sexistes sur les réseaux sociaux, mais dans ce cas les communautés réagissent très rapidement. Il ne faut pas oublier que les femmes sont très présentes sur les réseaux sociaux. Je parlais des communautés fermées de spécialistes du football féminin, dans lesquelles il n'y a pas de commentaires sexistes.
S'agissant de la communication, il faut effectivement opter pour une communication différenciée de celle du football masculin.
Enfin, concernant les rôles modèles et les films, nous avons eu par exemple les films Joue-la comme Beckham et Comme les garçons, mais il en faudrait d'autres.
Nous avons pu constater au cours de nos travaux que la pratique du football féminin se heurte souvent à la question de la mixité après l'âge de douze ans. Les collectivités ont des budgets contraints et n'ont pas la possibilité de construire systématiquement des vestiaires féminins, a fortiori suite aux investissements lié à la mise en accessibilité des bâtiments publics pour les personnes à mobilité réduite (PMR). Je comprends donc leurs difficultés pour mettre à disposition une parité exacte en termes d'équipement.
Madame Gazeau, je vous remercie pour cette audition portant sur un sujet que nous n'avions pas encore évoqué en profondeur, à savoir la communication autour du football féminin. Merci à nos collègues pour leur présence, en particulier les membres du groupe d'études « Pratiques sportives et grands événements sportifs ».