Monsieur le sénateur Laurent, je suis, comme vous, convaincu de la nécessité d’une réorientation des politiques de la zone euro de manière à tenir compte de ce qu’on constate partout : la montée des populismes et des inquiétudes de peuples qui estiment que la zone euro, telle qu’elle est, ne répond pas à leurs attentes.
La première attente, je tiens à le rappeler, c’est la prospérité. La zone euro doit être une garantie de prospérité pour tous les États membres, mais elle doit également garantir leur protection, face à la Chine, aux États-Unis et aux autres grands ensembles économiques. Cela passe par les décisions que j’ai déjà évoquées : elles permettront de renforcer la zone euro et de la rendre plus prospère.
Le contrat de croissance que je propose répond aussi à votre remarque, qui est juste : personne ne peut se satisfaire du ralentissement présent de la croissance de la zone euro et dire simplement que tout ira mieux demain ! Dans ce cas, ne faisons plus de politique, ne prenons plus de décisions et laissons les marchés décider à notre place ! Mais si ce sont les marchés qui décident de tout, plutôt que nous, c’est toute notre ambition politique qui est réduite à néant.
Pour ma part, je crois à la volonté politique, y compris en matière économique ; si je propose ce contrat de croissance, c’est bien parce que je crois profondément que, lorsqu’il y a un tel ralentissement, qui peut avoir un impact immense sur la vie quotidienne de nos compatriotes, notre responsabilité est de dire : il faut faire autrement !
Quant au contenu, je suis prêt à examiner toutes les propositions, même les plus iconoclastes.
Le Président de la République a proposé un bouclier social. Cette proposition est iconoclaste au sein de la zone euro, mais elle pourrait garantir un minimum à toutes les personnes qui travaillent et qui rencontrent des difficultés dans la zone euro. Cela permettait de montrer que le modèle de développement économique européen n’est pas le dumping social – toujours plus vers le bas – ; notre modèle, c’est la dignité du travail et de sa rémunération.
Concernant la Banque centrale européenne, je suis prêt à ce que nous envisagions un engagement de toutes les banques centrales – européenne comme nationales – sur la finance verte.