« Un petit bout d’Europe entre nos mains », c’est ainsi que l’ancien président de la Commission européenne Romano Prodi qualifiait l’euro en 2002. La zone euro est en effet au cœur de l’Europe et représente une étape essentielle de l’achèvement du marché intérieur et de l’intégration économique et financière du continent.
Utilisé par près de 340 millions de citoyens à travers dix-neuf États membres, l’euro constitue la réalisation la plus concrète de l’intégration européenne. Toutefois, il souffre d’un manque d’incarnation politique et peine à avancer en raison de l’obstruction de pays plus eurosceptiques que d’autres. Or le renforcement de l’union économique et monétaire doit être la première des priorités. Dix-neuf États ont choisi de partager une monnaie commune et, ainsi, de mettre en commun leur souveraineté. Il faut à présent aller plus loin et accepter une Europe en cercles concentriques, dont le cœur sera la zone euro, avec un marché du travail beaucoup plus intégré et une convergence sociale assumée.
Une meilleure coordination des politiques économiques et budgétaires permettra de consolider ce cœur de l’Europe. Il est toutefois primordial qu’un instrument budgétaire commun puisse s’articuler avec une politique monétaire par définition communautarisée. Les règles de coordination et de convergence des politiques économiques nationales ne sauront masquer le manque criant d’un outil budgétaire commun qui permettra de facto de limiter les divergences économiques.
Enfin, malgré sa technicité, l’union bancaire lancée en pleine crise des dettes souveraines et européennes doit être achevée. Les deux premiers piliers, à savoir la supervision commune des banques et le mécanisme de résolution des crises et de gestion des faillites bancaires, doivent être approfondis ; le troisième, un système de garantie commune des dépôts bancaires, reste à construire.
Monsieur le ministre, quelles sont les priorités françaises sur ces points en vue de la prochaine réunion de l’Eurogroupe le 16 mai prochain ? Quelles sont les priorités du Gouvernement pour relancer l’Union européenne dans son cœur, alors que le gouverneur de la Banque de France, M. François Villeroy de Galhau, met en garde contre tout attentisme au sein de la zone euro ?