Intervention de Pierre Louault

Réunion du 7 mai 2019 à 14h30
Réforme de la politique agricole commune — Suite de la discussion et adoption d'une proposition de résolution européenne dans le texte de la commission

Photo de Pierre LouaultPierre Louault :

Monsieur le président, monsieur le ministre, mes chers collègues, nous arrivons au terme de ce débat. J’en retiendrai quelques points qui me semblent essentiels.

L’agriculture est dans une passe difficile. Or ni l’Europe ni la France n’ont su répondre récemment à ces difficultés. Il me semble nécessaire que le budget de la politique agricole commune soit à la hauteur des besoins, c’est-à-dire, au minimum, à la hauteur de ce qu’il est aujourd’hui.

Nous avons bien sûr besoin de vous, monsieur le ministre, pour défendre auprès de la Commission européenne ce budget de l’agriculture ; mais je pense aussi que le Président de la République doit lui-même s’engager fortement auprès de ses partenaires en faveur de cette politique agricole, qui est l’origine même de l’Europe. Si, demain, l’Europe ne sait pas garder une politique agricole commune, alors c’est sa fin qui sonnera. Or – ne nous leurrons pas – c’est précisément ce qu’espèrent un certain nombre de grandes puissances comme les États-Unis, la Russie ou la Chine, qui voient bien sûr d’un mauvais œil se construire cette Europe, qui avait su conduire une politique agricole commune.

Un point, à ce titre, me semble essentiel : ne pas céder à cette idée de renationaliser les aides de l’Europe. Soit nous avons une politique agricole commune et nous jouons tous selon les mêmes règles du jeu, soit nous perdons ces règles communes et, du même coup, nous perdrons cette politique européenne. On connaît la dynamique de la technocratie française et sa propension, beaucoup plus forte que celle qui prévaut dans les autres pays, à imposer des règles…

L’agriculture française, qui a perdu toute sa capacité d’exportation, ouvre ses portes à des produits qu’elle n’a pourtant pas nécessairement besoin d’importer, mais qui sont moins chers et aussi, faut-il ajouter, de moindre qualité. Si, demain, nous ne savons pas conserver ce qui doit l’être, ce sera la fin de l’agriculture française et sans doute, également, la fin d’une agriculture européenne.

Aujourd’hui, les références de qualité qui s’imposent à l’agriculture européenne sont différentes de celles qui ont cours dans les autres agricultures du monde. On voit très clairement, par exemple, le soja transgénique traité au glyphosate envahir toute l’Europe, alors même que ce produit s’apprête à y être interdit.

Il faut donc préserver l’Europe tout en promouvant une Europe qui protège, notamment les productions agricoles. J’étais il y a quelques jours au Canada ; malgré les traités de libre-échange, les Canadiens savent garder un prix du lait supérieur de 20 % au prix français ou aux prix européens. Nous attendons de l’Europe qu’elle protège elle aussi son agriculture et ses agriculteurs.

Je voudrais, pour finir, dire un mot sur la responsabilité française dans la surréglementation. Si nous ne sommes pas capables de régler ce problème de suradministration, qui affecte l’agriculture comme, de façon générale, toute l’économie, si nous ne savons pas fixer des règles simples et claires, dont les objectifs pourront être compris des agriculteurs, ces derniers se démobiliseront ; la France perdra sa place dans l’agriculture européenne.

Nous comptons sur vous, monsieur le ministre, et nous avons besoin du Président de la République pour soutenir l’agriculture française.

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