Intervention de Michel Raison

Réunion du 7 mai 2019 à 14h30
Réforme de la politique agricole commune — Suite de la discussion et adoption d'une proposition de résolution européenne dans le texte de la commission

Photo de Michel RaisonMichel Raison :

Monsieur le président, monsieur le ministre, mes chers collègues, je me contenterai de quelques remarques et de quelques rappels, puisque tout a été dit, y compris par M. le ministre, qui nous a fait un beau discours, avec lequel nous sommes entièrement d’accord ; mais je pense qu’il avait précisément été bâti pour qu’il nous plaise – j’y reviendrai.

Premier rappel : l’agriculture est un secteur économique particulier. Son fonctionnement est différent de celui des autres secteurs économiques – je pense par exemple aux questions d’entretien du paysage. Surtout, il s’agit d’un secteur stratégique. Lorsque des pays sont en conflit, c’est toujours sur l’alimentation que pèsent les embargos. Or, depuis cinquante ans, nous sommes dans l’opulence alimentaire ; les détracteurs de l’agriculture ne se rendent pas compte de ce que voudrait dire une pénurie de produits alimentaires. Sur le plan de la sécurité même de l’Europe et en particulier de la France, cette valeur stratégique de l’agriculture doit donc être défendue.

Je ferai quelques remarques sur la politique agricole commune, à propos de points qui, pour le moment, ne sont l’objet d’aucune menace, mais sur lesquels je souhaite insister.

Comme nous le savons, l’installation en agriculture nécessite des investissements pour acquérir des stocks à rotation très lente ; il est donc difficile de démarrer dans le métier. Les aides aux jeunes agriculteurs ne sont pour le moment pas remises en cause, mais il est toujours bon de dire qu’elles doivent être absolument maintenues et renforcées, comme, d’ailleurs, la compensation des handicaps naturels.

S’agissant de ce dernier point, il est certes assez difficile de déterminer les zones éligibles – les discussions qui ont eu lieu tout à l’heure l’ont montré –, mais il s’agit là de l’un des piliers de la politique agricole commune, visant à ce que l’ensemble des territoires puissent survivre et être entretenus. Certaines zones, en effet, connaissent des difficultés liées au relief, au climat ou à la pauvreté des terres. La compensation de tels handicaps est donc primordiale.

Vous avez aussi parlé, monsieur le ministre, de la simplification – les chiffres que vous avez donnés ont été entendus. La tâche sera rude ; vous avez tout notre soutien – si vous avez besoin d’un coup de main pour que nous vous aidions à simplifier réellement, vous avez nos numéros de téléphone ! On parle toujours de simplification, et pas seulement en matière de politique agricole commune ; mais chaque fois qu’on en parle, que ce soit ici ou à l’Assemblée nationale, on remet deux couches de complexité. C’est là une maladie bien française, mais aussi un peu européenne.

La politique agricole commune a besoin d’être plus efficace – on sait que ce qui est simple est plus efficace que ce qui est complexe. Quand je dis « plus efficace », je pense aussi à la vocation même de la politique agricole commune, qui était certes d’assurer une alimentation de qualité et à un prix correct pour l’ensemble des Européennes et des Européens, mais aussi de garantir un revenu aux agriculteurs, avec des systèmes assurantiels susceptibles de pallier la fluctuation des prix et des rendements au gré des aléas climatiques. La politique agricole commune est avant tout faite pour cela ; elle n’est pas faite que pour les petits oiseaux. De ce point de vue, je n’y reviendrai pas, mais la loi Égalim ne sert à rien : les marchés et la fluctuation des prix sont ce qu’ils sont.

Monsieur le ministre, je conclurai en reprenant votre appel à l’unité – vous avez appelé à ce que nous défendions tous, collectivement, des positions communes. Or nous avons la même position que vous ; j’imagine donc que vous parliez surtout pour le Gouvernement, prônant une unité de discours au sein de celui-ci, et peut-être même jusqu’au niveau du Président de la République !

Par « unité de discours », j’entends non seulement un discours qui fasse l’unité entre nous, mais surtout un discours qui reste le même, qu’il soit tenu en France ou au niveau européen. Que le discours change d’un niveau à l’autre peut avoir de graves conséquences ; nous avons ainsi été quelque peu frustrés d’apprendre, il y a un an, lors d’une audition, de la bouche du commissaire allemand au budget de la Commission européenne, que le discours tenu dans notre pays était différent des positions défendues à Bruxelles.

Monsieur le ministre, dites aussi au Président de la République que, lorsqu’il parle d’agriculture à l’occasion d’un buzz médiatique comme celui que nous venons de vivre sur la biodiversité, …

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