Intervention de Gérard Longuet

Commission d'enquête Souveraineté numérique — Réunion du 7 mai 2019 à 13h30
Réunion constitutive

Photo de Gérard LonguetGérard Longuet, rapporteur :

L'intitulé de notre commission d'enquête peut interpeller. Nous vivons un tournant, à l'articulation de la technologie et de la politique.

Les fonctions politiques, la régulation politique par la vie parlementaire en France et l'organisation de l'Union européenne sont nécessairement touchés par des évolutions technologiques qui se répandent dans le monde entier, et qui aboutissent à la diffusion immédiate de nouvelles possibilités. Les composants sont de plus en plus miniaturisés, et selon la loi de Moore, la capacité des microprocesseurs double tous les 18 mois...

Ministre des postes et des télécommunications entre 1986 et 1988, lorsque nous avons dérégulé les services de téléphonie mobile, j'avais un conseiller technique télécoms, avisé, qui s'enthousiasmait à la perspective que nous passerions un jour de 200 000 abonnés à Radiocom 2000 au réseau de téléphonie mobile à un million.... Il a eu raison, mais beaucoup plus rapidement et massivement qu'il ne l'imaginait ! Cela a créé un phénomène de société.

Le sujet de la souverainement numérique est extrêmement compliqué. Comme le confirmeraient mes collègues de l'Office parlementaire des choix scientifiques et technologiques (Opecst), MM. Pierre Ouzoulias et Stéphane Piednoir, lorsqu'on étudie en profondeur un sujet technologique nouveau comme les blockchains et leur impact sur le système bancaire, si l'on ne s'implique pas fortement, on est rapidement perdu.

Ce sujet est matériellement difficile, à la jonction entre la science fondamentale, les technologies, les industries, et les rapports de force entre groupes industriels, dans un monde totalement ouvert mais organisé. L'indépendance est une modalité forte de l'interdépendance. Nous sommes très dépendants de groupes qui n'ont aucun compte à rendre - pas même à leurs actionnaires -, si ce n'est à leurs clients...

Le calendrier est extrêmement serré, notre rapport devra être terminé en septembre. Nous entendrons des intervenants passionnants mais aurons également besoin de dialoguer régulièrement entre nous pour évaluer les réponses apportées à nos interrogations. Cela suppose de préparer particulièrement les questions que nous poserons. Nous recevrons des chefs d'entreprise à la responsabilité mondiale. Sur nous repose l'image de notre assemblée ; défenseurs de la démocratie et de ses institutions, nous devons donner de nos travaux collectifs, publics lorsque nous le déciderons, l'image la plus forte et la plus sérieuse. Dans le monde numérique, impitoyable, l'information circule à la vitesse de la lumière et les bévues sont instantanément diffusées... Nous devrons conduire ce débat avec le maximum de rigueur, de réflexion, de préparation et de modestie. Nous avons le devoir de chercher à comprendre, mais aussi le droit de ne pas être compétents dans tous les domaines. Nous avons la confiance du peuple français. À nous d'honorer cette confiance et d'être au rendez-vous. Je vous remercie de nous avoir fait confiance, à Franck Montaugé et à moi-même, pour ce travail très important et très exigeant.

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